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l'éternité plus un jour
23 mars 2006

Droit dans ses bottes

Dominique de Villepin reste inflexible. Partout où il parle, à l'Assemblée nationale ou de Matignon devant 400 parlementaire de l'UMP, il renouvelle sa détermination à maintenir le CPE. Christophe Barbier, toujours excellent pour discerner l'essentiel dans l'accessoire, nous donne le calendrier tactique du Chef du gouvernement sur le CPE. La majorité craquelle au niveau de son unité, mais pour l'instant le bateau ne recense aucune chaloupe à la mer. C'est là l'arme fatale du capitaine Villepin. Il embarque tout le monde dans l'aventure. Ca passe ou ça casse. On retrouve la geste Gaullienne qu'il affectionne tant: moi ou le chaos avant "la réforme oui, la chienlit non!".

Durant les premiers mois à Matignon, le Premier ministre avait su tempérer ses ardeurs. Il était apparu en homme d'écoute et dialogue, plutôt sensible à une approche sociale des problèmes à tel point qu'il bénéficiait d'une bonne cote auprès de l'électorat socialiste. Dans l'affaire du CPE, on retrouve Dominique de Villepin en personnage chevaleresque et impétueux dont il s'est ingénié à construire l'image et la filiation. Mais au delà des apparences et de la communication, on retrouve les caractérisitiques d'un parcours politique atypique qui interroge sur les valeurs démocratiques que Dominqiue de Villepin peut porter. Trois éléments donnent prise à cette remarque.

Le premier, c'est la référence au héros solitaire, seul contre l'avis de tous. Encore ce matin, Alain Duhamel, dans sa chronique sur RTL, évoquait la relation du Premier ministre au Bonapartisme.  "Dans l'instant, Turgot, Napoléon, de Gaulle ne sont pas compris, mais leur sacrifice n'est pas vain (...). Les combats solitaires d'hier sont les évidences de demain." in le cri de la gargouille, p. 67 - 2002 - Albin Michel.

Le second, c'est la dissolution de 1997 dont il fut le démiurge. Un tel acte montrait le peu de cas qu'il pouvait faire des députés, élus du peuple et besogneux tâcherons chargés de relayer la parole gouvernementale en contrepartie d'une attention accordée à l'humeur des français. Toujours dans le cri de la Gargouille, p.55, le Premier ministre qualifie "la guerre des légitimités entre le législatif et l'exécutif" d'aporie(1).

Le troisième qui explique pour partie le second c'est l'absence totale d'onction électorale sur le cuir du Premier ministre. Celui-ci ne s'est jamais colleter au terrain gras des campagnes électorales. Il ne s'est jamais soumis aux basses oeuvres de l'élu, ces permanences rituelles où il faut rencontrer la déspérance humaine, la voir et la sentir à défaut d'y trouver des remèdes.

De fait, il manque un "vécu politique" au Premier Ministre que ces ennemis se sont plus a releverà plusieurs reprises. Cette lacune peut expliquer son attitude fixe et droite. Au point où en est la France, est-ce forcément rédhibitoire?

(1) In le petit Robert; aporie: difficulté d'ordre rationnel paraissant sans issue

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Commentaires
B
Il ne faut pas oublier ce dont est fait le Premier ministre pour comprendre ce qu'il peut faire encore contre son camp.
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