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l'éternité plus un jour
31 mars 2006

Et Chirac parla

7369495201Le silence se fit dans le pays mais ça commencait mal. Un incident technique en début d'intervention venait donner un mauvais écho à la parole présidentielle. Comme si, pour ce faire entendre d'une jeunesse décervelée qu'il ne comprend pas, il avait eu besoin de repêter chacune de ses phrases, scandées dans un débit monotone.

Après la décision du Conseil constitutionnel, intervenue hier soir, 24 heures n'auront pas été de trop pour préparer et enregistrer l'allocution du Président de la République qui devait nous sortir de la crise. En charge de la cohésion nationale, Jacques Chirac a, une nouvelle fois, tenté de trouver les mots qui mis bout à bout, auraient pu permettre de satisfaire tout le monde afin de ne déplaire à personne. Un coup pour Villepin et la loi égalité des chances sera promulguée au plus vite, n'en déplaise à ses opposants. Un coup pour les syndicats avec une injonction au Gouvernement pour opérer sans délai deux révisions majeures au CPE - réduction de la période d'essai et motivation du licenciement - avec en prime l'ouverture d'une série de négociations, sur l'université, l'emploi des jeunes ou la sécurisation des parcours professionnels.

C'est ce qui s'appelle faire le grand écart en enrobant le tout d'un message compassionnel larmoyant dont notre Président a le secret. Malheureusement cette gymnastique stylistique risque de ne contenter personne, ni les syndicats et les troupes de lycéens et étudiants contestataires qui faisaient du retrait du CPE un préalable, ni le Premier ministre dont l'oeuvre machiavélique censée l'élever au firmament de l'élection présidentielle, est totalement vidée de sa substance. Un CPE au condition de Jacques Chirac, c'est un CDI en mieux pour le salarié. Le Gouvernement va désormais devoir forcer son talent pour faire passer ses réformes.

En fait, l'allocution du Président de la République pousse jusqu'à la caricature l'autisme qui prévaut dans chaque camp et leur constance à privilégier l'affrontement jusqu'au boutiste comme le démontre le décalage de leurs décision respectives, à contre courant les unes des autres. C'est le Premier ministre qui lance les hostilité. Villepin présente à la sauvette un projet de contrat de travail fléxible. Les forces sociales, ou ce qui leur serre de représentants, se cabrent. Ils n'ont pas été consultés. Ce n'est qu'une fois son projet adopté par le Parlement, la contestation ayant pris de l'ampleur qu'il se dit prêt à ouvir des négociations sans pour autant toucher au CPE. Mais l'unité syndicale mirauleusement reconstituée ne veut rien savoir tant avant le retrait du CPE. Un partout la balle au centre. Il faut donc en appeler à l'autorité suprême. Le Président de la République s'exprime, mais avant même de l'avoir entendu une manifestation anti CPE était déjà programmée pour mardi prochain.

En refusant de trancher comme à son habitude, le Président de la République a décidé d'une solution juridiquement ubusque - promulger une loi tout en demandant sa modification avant son application. Ainsi, il renforce le ridicule de la situation. De fait, on en est arrivé à une telle entêtement stérile de part et d'autre qu'on peut se demander si le vainqueur politique ne risque pas d'être désormais celui qui cédera le premier à l'autre. La promptitude avec laquelle Nicolas Sarkozy est intervenu ce soir donne prise à cette idée. Car au fond, loi promulgée ou pas, négociation engagées ou non, le CPE est mort-né. Compte tenu du climat social qu'il a instauré, il y fort à parier que rares seront les chefs d'entreprise à recourir au CPE.

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