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l'éternité plus un jour
7 avril 2006

La sortie de crise ou la tête désorientée de l'Etat

Contrairement aux espérances et à la bienséance institutionnelle, l'intervention du Président de la République, n'aura pas vraiment contribué à régénérer l'état social et mental du pays. La confusion règne en maître et la répartition des rôles au sommet de l'Etat demeure suspecte d'incohérence.

A la lecture, reposée et répétée, du message présidentiel, cette situation n'est franchement pas étonnante. Au regard du temps qui passe, elle gagne en incertitude au risque d'inquiéter sérieusement les fondamentaux de la cohésion sociale. De fait, dans moins d'un an, les échéances ayant peu de chance d'être anticipée, la présidentielle pourrait, une nouvelle fois, constituer un excellent terrain de jeu pour les déclinologues de tout poil.

En détaillant le jeu des acteurs, on peut juger facilement de la débandade.

Nicolas Sarkozy, prompt à intervenir à la suite du Président de la République a du en rabattre dans ses velléités de devenir l'homme lige du recours. Vu la hiérarchie du pouvoir qui n'est pas celle des compétences, c'est plutôt normal. Il n'est que le numéro bis du Gouvernement et Président du parti majoritaire. Ce n'est pas rien, mais ce n'est pas tout.

On trouve ensuite un couple improbable, sorti du chapeau comme une paire de lapins effrayés au milieu d'une piste de cirque. Constitué des¨Présidents des groupes parlementaires de l'UMP, il incarne le modique et modeste compromis entre le Président de l'UMP dont l'Elysée veut contenir l'ascendant et le Premier Ministre que l'Elysée doit maintenir à flot. Pour rendre cet attelage un peu plus bancal et compenser l'inexpérience avérée des deux Présidents, ils sont escortés lors de leurs consultations des deux ministres en charge du travail et de la cohésion sociale. Une fois de plus, on dira que le Parlement travaille sous contrôle. Cette intrusion ministérielle illustre également bien la stratégie conduite par le Premier ministre. Depuis le début de la crise, il entend bien embarquer l'ensemble de la majorité sur son frêle esquif au risque de faire sombrer tout le monde lors des prochaines échéances présidentielles. A cet égard, qu'il confie au Journal du Dimanche de la semaine dernière son amertume envers "[ceux] qui cherche en permanence à monter les uns contre les autres" est plutôt cocasse et relève d'une hypocrisie malveillante.

Le Premier ministre justement, l'homme qui vit les bras en l'air. Parlons-en. Tel un gosse ayant cassé son mécano, il parait peu ébranlé par le chaos qui demeure autour de lui. Il continue de défendre son attitude et sa rapidité. Il conditionne ainsi son isolement et s'enorgueillit maladroitement de sa solitude. Déterminé, non seulement il ne veut pas démissionner mais sait trop bien que le Président de la République est incapable de le lui demander. Alors, stratège de la guerre de mouvement, il convoque une conférence de presse afin de présenter un florilège de réformes. Au delà de leur intérêt intrinsèque, le Premier ministre recherche dans ces nouveaux chantiers la vertu émolliente d'une diversion contre le CPE et son abrogation annoncée.

Dans ce jeu de rôle digne d'Ubu, n'oublions pas l'opposition et plus particulièrement celle dont on pouvait espérer voir venir une alternative. Le Parti socialiste n'a fait qu'enregistrer la crise de régime sous-jacente. A la radicalité d'un Premier ministre, enfermé dans les certitudes guerrières d'un hussard qui ne serait pas de la République, la réaction contre le CPE, outre qu'elle fasse renaître un front syndical buté et borné, répond par un vide sidéral en matière de proposition constructive pour faire entrer les jeunes dans la vie professionnelle. Faut-il s'en étonner quand un sondage, de l'IFOP, l'entreprise de la Présidente du MEDEF, nous apprend que 43% des français enrichissent leurs idées à l'extrême gauche? Non. Faut-il s'en inquiéter? Oui.

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