La politique passe de plus en plus mal à la télé

Par acquis de conscience citoyenne, je me suis obligé à jeter un oeil sur l'émission politique de France 2 d'hier soir. Intitulée "A vous de juger" elle était présentée par Arlette Chabot, sans doute davantage préoccupée par la gestion du remplacement annoncée de Béatrice Schönberg que par un travail journalistique digne de ce nom.

Ce programme entendait être le premier rendez-vous de la politique avec les téléspectateurs-citoyens d'ci les présidentielles de 2007. Le ton est donné. Mon jugement est faît.

Laissons de côté, l'organisation farfelue et incohérente du plateau en deux tables de quatre invités, la présentatrice devant, selon son bon vouloir, aller de l'une à l'autre pour interroger ses invités. Ce qui m'a surtout énervé, c'est davantage le panel des personnnalités retenues pour une émission du service public soucieuse d'informer en offrant un débat représentatif d'une offre politique réaliste et cohérente. Sur 8 invités, 4 représentaient un parti politique doté d'une groupe politique à l'Assemblée nationale. Pour les autres, il s'agissait des illustres membres de formations plus connus des sondeurs que des électeurs et dont l'inquiétante progression n'a d'égal que la vacuité de leurs propositions, l'irréalisme de leurs programmes et l'irresponsabilité chronique de leurs dirigeants. Ils ont pu néanmoins profiter d'un temps de parole complaisamment offert, afin de ressasser leur perpétuelle contestation démagogique qui joue sur les peurs, les fantasmes et les vieilles lunes.

Avec cette émission, je m'interroge sur l'objectif recherché par France 2 et sur le sens civique de son service politique. Il ne s'agit pas d'être dupe des nouveaux canons de la confrontation d'idées à la télé sur lesquels Patrick Devedjian s'interroge fort justement. Il n'est pas non plus question d'occulter les difficultés à donner du sens à la politique ou à susciter de l'intérêt pour ceux qui la pratiquent. Est-ce pour autant un impératif de voir dans les partis extrêmistes les éternels bons clients et d'opérer un mélange des genres totalement décalé par rapport à la légitimité représentative telle qu'elle ressort de nos institutions?