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l'éternité plus un jour
11 mai 2006

Doutes sur le juge Van Ruymbeke

La culture du doute. C'est l'expression qui convient à l'égard des errements de l'institution judiciaire révélées par deux interventions publiques autour de l'affaire Clearstream.

C'est d'abord l'analyse d'un avocat. Thierry Levy n'hésite pas à faire de Clearstream un "Outreau politique". La comparaison est tentante. Elle est médiatiquement séduisante. Elle peut même être techniquement fondée. Pour autant, sur le plan de l'opinion, elle me semble révélatrice d'un décalage qui peut exister selon que face à la justice, "vous serez puissant ou misérable".

Outreau, c'est des vies d'innocents brisées par de longs mois en détention provisoire, ayant conduit l'un d'entre eux à se donner la mort. Certes, il faut y voir les effets d'une incontinence médiatique délirante et sans maîtrise. Mais c'est également le fait d'erreurs d'appréciation énormes de la part de l'institution judiciaire, dans la dimension humaine de ses représentants face à cette fameuse "culture du doute". Dans le dossier Clearstream, c'est à dire l'ouverture d'une information judiciaire pour "dénonciation calomnieuse" par le Parquet de Paris en septembre 2005, les choses sont quand même différentes. Aucune mise en examen n'est pour l'instant intervenue. Si des perquisitions à haute portée symbolique ont été effectuées, aucune détention provisoire n'est à constater. Quant aux déclarations des uns et des autres parues dans la presse, elle n'ont jamais été démenties sauf pour parler de mauvaises interprétations ou de propos tronqués. Enfin, bon nombre de personnalités citées n'ont pas encore été entendues par la justice. C'est notamment le cas de Jean-Louis Gergorin, sauf dans des circonstances pour le moins douteuses.

C'est là le deuxième élément trouble qui survient comme un énième rebondissement dans une affaire dont on s'inquiète qu'elle puisse ainsi durer jusqu'aux Présidentielles. S'épanchant de manière inaccoutumée, le juge Renaud Van Ruymbeke s'émeut d'avoir "été instrumentalisé". Même le juge Burgaud n'avait pas osé un tel système de défense!

Le juge Van Ruymbeke m'est toujours apparu comme un peu énigmatique au regard de la manière d'instruire ses affaires politico-judiciaires. Derrière ses verres de lunettes teintés, le visage dénué d'expression et toujours impassible derrière la tempête qu'il orchestrait savamment au sein de la classe politique, il sembe vouloir incarner la vertu de la justice face aux abominables profiteurs que sont les élus, les Députés, les chefs de partis ou les Ministres. Il peut inscrire à son tableau de chasse plusieurs carrières brisées. Mais au nom de quelle règle de droit, le Juge Van Ruymbeke s'est-il autorisé à rencontrer clandestinement Jean-Louis Gergorin en avril 2004 ? En vertu de quel principe juridique a-t-il accepté un engagement de confidentialité sur cet entretien? Comment peut-il s'indigner aujourd'hui d'une prétendue manipulation de l'institution judiciaire dès lors qu'il s'est lui-même prêté à des pratiques opaques?

Décidément dans cette vaste entreprise de déstabilisation, au fil de leurs révélations, les protagonistes s'érigent facilement en victimes. Pour ce qui est de leurs responsabilités, éthique et professionnelle, c'est autre chose.

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