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l'éternité plus un jour
21 mai 2006

Alain Juppé: le retour

Sur LCI, BFM TV et I Télé, on a récemment pu voir en boucle un reportage nous informant du retour d'Alain Juppé dans sa bonne ville de Bordeaux. Précédé d'une cohorte de journalistes, main dans la main avec son épouse, on le voit déambuler sur les allées de Tourny tandis que le commentaire nous apprend que le couple est à la recherche d'un appartement à louer. Interrogé sur ses intentions, l'ancien Premier Ministre botte en touche de manière grossière laissant croire que l'information qu'on veut nous donner n'en ait pas une, même s'il fait tout pour qu'on atteste du contraire.

Justement, cette information appelle un constat et suscite une hypothèse.

Le constat d'abord, c'est que pendant son année d'exil volontaire, Alain Juppé, aura su, souvent à partir de rien, maintenir l'attention des médias sur sa personne. Régulièrement, sans avoir l'air d'y toucher et de manière détournée, la presse politique a su entretenir un lien bienveillant avec l'opinion française. Cette promotion rémanente a fini par valoriser l'ancien Premier ministre. Le dernier exemple, c'est ce portait grossièrement louangeur d'Annick Cojean dans un récent numéro du Monde 2 avec en prime sa photo en une. On ne peut pas croire que sa notoriété ait pu ainsi être entretenue à l'insu et sans l'assentiment de l'intéressé. N'ayant jamais perdu de vue l'ambition qui l'étreint, il a compris le bénéfice poltique qu'il pouvait tirer de cet éloignement géographique et momentané. D'une fuite pour cause de sanction judiciaire infamante, Alain Juppé allait en faire une opportunité pour casser son image. Oublié l'homme droit dans ses bottes qui traite les fonctionnaires de "mauvaise graisse" et plante lamentablement son camp avec un dissolution inique de l'Assemblée nationale. Désormais, Alain Juppé sourit, se marre, aime le hockey sur glace, la nature et les grands espaces où il n'y a rien à faire qu'à admirer le paysage. En plus, il a pris de la hauteur et de la distance nous dit-on. Bref un homme neuf nous est revenu, et par surcroît disponible.

C'est là qu'intervient l'hypothèse. Alain Juppé le retour, c'est le joker de Jacques Chirac. Vu le bourbier actuel dans lequel l'exécutif s'enfonce inexorablement le Président de la République doit trouver une parade. Aussi, au milieu de la coupe du monde de football et à quelques jours de la trêve estivale qui offre au monde politique un certain relachement de la surveillance suspicieuse des médias, il pourrait bien appeler "le meilleur d'entre nous" en remplacement de Dominique de Villepin, dont les jours sont inévitablement et heureusement comptés. Après avoir pris sur lui la défense du Président de la République dans l'affaire des emplois fictifs au RPR, Alain Juppé pourrait se voir offrir un moyen rapide de revenir dans le jeu politique au plus haut niveau. Ayant purgé sa peine, il doit être réhabilité politiquement. Il verrait ainsi confirmée sa stature d'homme d'Etat et pourrait montrer sa capacité à servir son pays de manière désintéressée dans une crise grave qui touche à l'autorité de l'Etat. La gauche aurait difficilement à redire d'une telle nomination. Ses principaux dirigeants sont enclin à respecter l'ancien Premier ministre. Ils savent bien qu'il a juridiquement payé pour des pratiques, à l'époque, communes à l'ensemble des formations politiques. Par ailleurs, le chômage baissant et la croissance repartant, Alain Juppé pourrait en tirer bénéfice et s'imposer comme le concurrent idéal, et tant rêvé par l'Elysée, susceptible de contrer l'ascension irrésistible de Nicolas Sarkozy qui de son côté doit préparer son retrait programmé du Gouvernement. Ce dernier, comme l'ensemble des leaders de droite a d'ailleurs souhaité plusieurs fois le retour de l'Ancien Premier ministre en prétextant, peut-être un peu trop vite qu'on avait besoin de lui.

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