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l'éternité plus un jour
16 juin 2006

Fusion Suez-Gaz de France II

Entre autres dommages collatéraux, l'acharnement de Dominique de Villepin à se maintenir dans ses fonctions risque bien d'engendrer un accident industriel. Après avoir feint le volontarisme sur ce dossier qu'il avait annnoncé un samedi de février, le Premier ministre va-t-il reculer sous la fronde des députés de sa majorité? Si ses atermoiements mettent en exergue l'impasse politique dans laquelle le Gouvernement est enfermé par sa faute, ils révêlent le manque de vision des grands mouvements de l'économie globalisée qui va de pair avec l'absence cruelle de projet européen.

Deux idées simples traversent les différents argumentaires lus ici ou là. D'un côté on dénonce la fusion Suez-Gaz de France au nom du sacro-saint service public. Le rapprochement des deux entreprises ne tiendrait pas compte du client-citoyens qui devra supporter un renchérissement du coût du gaz pendant que les actionnaires s'en mettront plein les poches. De l'autre côté, on vante la fusion au nom de ce fameux patriotisme économique qui autorise EDF à investir en Italie tout en jugeant néfaste la prise de contrôle, par une entreprise italienne, d'une société dont l'histoire est française mais l'identité est Belge.

Cette vision manichéenne risque de déboucher sur un attentisme où il y aurait beaucoup plus à perdre qu'à gagner. C'est finalement le retour à la doctrine du NI-NI, référence magnifiée par l'art politique Mitterrandien et si bien dénoncé, par Eric Le Boucher.

S'agissant de l'effet sur les prix, il est à parier que la hausse constatée de celui du pétrole avec d'inévitables répercussions sur les autres énergies n'est qu'un début. En 2004, la baril de pétrole était à 28 dollars. En 2006, il est monté à 73 dollars. Ce phénomène est bien trop profond pour qu'on puisse s'en prémunir grâce aux seules vertus dépassées d'une entreprise publique circoncrite à l'échelle d'une Nation. L'argument est pourtant facile à défendre. Il offre l'apparence des atours rassurants du protectionisme . Parions qu'en laissant en l'état la structure financière de Gaz de France, les prix continueront de monter.

Quant au Patriotisme économique, là aussi, on baigne en pleine hyprocrisise et, sans honte du ridicule, on s'offre une belle posture don Quichotesque. Quel est le sérieux d'un mot d'ordre porté par des hommes politiques qui se félicitent du succès obtenus à l'étranger par nos fleurons industriels à coup d'OPA (peu importe qu'elles soient hostiles ou amicales) alors qu'on crie à l'imminensce du péril dès que des étrangers veulent user des mêmes pratiques dans l'autre sens.

D'où qu'elle viennent ces deux positions s'inscrivent à contre courant du monde tel qu'il va. Elle se rejoignent par leur côté désuet et finalement inefficace.

Au tout début de la polèmique, une solution alternative avait été proposée. Au delà des circonstances ayant poussé le Gouvernement a accepté le projet de fusion GdF - Suez, plus qu'il ne l'a suscité (la menace de l'Italien ENEL n'était qu'un prétexte) et parce que c'est un bon projet industriel, certains commentateurs avaient, à l'époque, défendu une fusion à trois au nom d'une logique européenne pertinente. Pourquoi cette idée n'est-elle plus à l'ordre du jour?

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