De la lâcheté en politique

Malgré l'émoi médiatique qu'elle a suscité, la réplique virulente du Premier Ministre à une question du Premier secrétaire du Parti Socialiste n'a rien d'extravagant. Pour preuve, les protagonistes de cette passe d'arme sont revenus à plus de modération, aujourd'hui. L'incident est clos. L'Hémicycle en a vu d'autres et pas plus tard que lors de cette même séance de questions au Gouvernement avec la vive algarade, entre Jean-Louis Debré et Patrick Balkany, beaucoup plus intéressante pour mesurer l'ambiance interne au sein de l'UMP.

Outre le fait qu'elle stigmatise les déficiences de Dominique de Villepin, son attaque verbale s'inscrit sans surprise dans un contexte politique incandescent.

Profitant d'une loi des séries que la majorité voudrait bien enrayer, l'opposition saisit tous les prétextes pour s'opposer sans concession. Les circonstances politiques nées du CPE l'encouragent à s'acharner tous les jours un peu plus sur le Gouvernement.

Discrédité, fatigué et usé avant d'être vielli, Dominique de Villepin n'a plus rien du matamore courageux qu'il prétendait être. Ses excès dans la maladresse l'amènent à reculer, hier sur le CPE, aujourd'hui avec ses excuses adressées à François Hollande. Avoir reproché à ce dernier la "lâcheté de [son] attitude" est à n'en pas douter d'une grande sévérité, constitue une certaine injustice et révèle une grande inhabileté. Et pourtant, comment ne pas trouver un ressentiment masquant un fond de vérité dans l'anathème lancé avec rage au chef de l'opposition par le chef du Gouvernement.

N'y a-t-il pas une forme de lâcheté partagée par la classe politique dès lors que le jeu démocratique, focalisé sur la conquête du pouvoir, incite à différer des décisions difficiles et pousse à reporter à plus tard de véritables réformes, accentuant ainsi la pusillanimité des gouvernants et l'arrogance des opposants?