Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
l'éternité plus un jour
1 septembre 2006

Témoignage de Nicolas Sarkozy, XO Editions - 281 pages - 16,90€

T_moignageMoi aussi, je m'y suis collé comme devoir de vacances à la lecture du best seller de l'été. Mais avant de m'y plonger et de peiner sur la fin, je me suis délecté de mes voyages avec Hérodote de Ryszard Kapuscinski. Il s'agit d'un autre témoignage, celui d'un grand reporter ayant pas mal bourlingué au cours des 40 dernières années pour rendre compte des soubresauts du monde. Il profite de ses souvenirs pour nous transmettre de façon très pédagogique sa passion littéraire pour l'Enquête d'Hérodote. C'est à lire.

Avec le témoignage de Nicolas Sarkozy, on tombe dans l'exercice convenu d'un candidat à l'élection présidentielle qui doit offrir "une intimité" à ses lecteurs. Le livre est un élément incontournable d'une campagne présidentielle pour révéler une personnalité et mettre en exergue un état d'esprit. Il n'y a qu'à voir l'impatience avec laquelle les commentateurs attendent celui de Ségolène Royal en espèrant enfin pouvoir puiser la quintessence de sa pensée et de sa vision.

Aussi, Nicolas Sarkozy a t-il, comme à son habitude, pris une longueur d'avenir d'avance en publiant dès l'été, soit près d'un an avant le erndez-vous électoral auquel il aspire. Qu'on en juge plutôt avec les échéances précédentes pour pareil exercice. Nonobstant son dernier livre, paru l'an dernier, Lionel Jospin avait pris le temps de répondre seulement en mars 2002. De même Jacques Chirac, en 1995, avait réussi une belle opération promotionnelle en publiant deux petit livres. Le premier était sorti à l'automne de l'année précédente et le second quelques semaines seulement avant l'élection. Pour 2007, les écrits sont donc beaucoup plus précoces au risque de passer d'ici quelques semaines pour des produits périmés.

Je tire trois remarques de ma lecture du livre de Nicolas Sarkozy.

Sur la forme d'abord. On est frappé de la manière dont Sarkozy, l'auteur, accorde son style à celui de Sarkozy l'orateur. Au delà du vocabulaire, la façon d'écrire correspond parfaitement à sa façon de parler. Le propos est direct, les mots claquent, les formules s'enchaînent avec un usage généreux de processus itératifs. Dans un phrasé rythmé qui finit néanmoins par épuiser le lecteur, Témoignage offre une compilation de formules éprouvées à l'applaudimétre des meetings (cf; page 124 sur le modèle social).

Dans la veine de son écriture et dans la logique de l'objectif assigné à son ouvrage, Nicolas Sarkozy, s'épanche sur la façon d'agir qui sied à sa personnalité et dont, selon lui, la France a besoin. Les mots "volonté", "détermination", "énergie", "impulsion", "responsabilité" reviennent presque à toutes les pages. Qu'il s'agissent de détailler ce qu'il a fait ou de parler de ce qu'il faudrait faire sur tous les thèmes possibles et imaginables, Nicolas Sarkozy use du même vocabulaire pour mettre en avant sa fougue et son allant, ses idées et ses projets au service d'une méthode de gouvernement inédite à ses yeux. On adhère à la fulgurance de sa vision qui relève souvent de l'évidence. On est souvent emporté par sa force de conviction et son enthousiasme. Pour autant, sur la longueur, à force d'asséner que la solution c'est la volonté et la détermination, accordée à une remise en cause salvatrice qui tient plus de la mutation profonde que d'une évolution en pente douce, ont est tenté de ramener son approche à la fameuse méthode coué.

Enfin, au delà de ses propres réalisations en tant que Ministre de l'intérieur ou de l'économie et des finances, poste qu'il occupa de mai à novembre 2004, Nicolas Sarkozy dresse un tableau très noir de la France. Sur bien des points, il a raison et évoque certaines réalités avec lucidité. Il n'empêche. Même si on ne construit pas une campagne présidentielle sur un bilan, au delà de l'énergie sincère qu'il incarne et du message de rupture qu'il entend défendre durant la campagne électorale, Nicolas Sarkozy risque d'être confronté, d'ici à l'échéance d'avril 2007, à la crédibilité d'un positionnement qui le rend comptable d'un bilan.

Publicité
Publicité
Commentaires
l'éternité plus un jour
Publicité
Archives
Publicité