Quand François Fillon fait sa com'

Que cherche François Fillon? Lui, d'ordinaire si policé, vient de nous créditer de deux déclarations fracassantes dont l'écho n'est pas forcément profitable pour son camp.

C'est d'abord la remise sur le tapis de l'exigence de réforme des régimes spéciaux de retraite dont il fait la priorité du prochain gouvernement qu'il rêve de diriger. Le ton est péremptoire et l'idée ne souffre pas la contradiction. Comme de bien entendu avec un tel sujet tabou, son message est très mal perçu jusque dans son propre camp qui voit bien que le thème de la rupture est à manier avec des pincettes électoraliste.

Sa deuxième déclaration qui pose question, il l'a livrée sur son blog où il éructe contre les journalistes qui sont sans foi ni loi. Alors qu'en toute amabilité, il leur avait offert son livre à paraître prochainement, certains échotiers se sont cru autorisés à lever l'embargo. Ils ont extrait les quelques phrases assassines sur le Président de la République. Avec une fausse naïveté, François Fillon a beau s'en prendre à la parole bafouée des journalistes  et dénoncer "cette façon de traiter la politique à travers le seul prisme des luttes individuelles" (comme s'il ne connaissait pas le système), il n'en bénéficie pas moins d'un plan com' pour la sortie de son livre.

Pour le reste, il a offert au Président de la République l'opportunité d'une réplique au message politique de Nicolas Sarkozy dont il est le conseiller politique.

Sur les régimes spéciaux, Jacques Chirac a été clair et net. Prenant habilement le contre pied de François Fillon, il a fait valoir la raison d'être de ces régimes qui, en conséquence, ne sauraient être rayés d'un trait de plume de manière précipitée, sans concertation ni dialogue. Traduction politique faîte, il s'agit pour Jacques Chirac de se poser en père de la Nation désireux de préserver un modèle social qui n'est certes pas flambant, mais qui pourrait être pire dès lors que de furieux libéraux voudraient entreprendre, par la force, de tout casser sous prétexte d'imaginer la France d'après. Face aux menaces que peuvent ressentir les français dans le message du Président de l'UMP et de son équipe, Jacques Chirac se présente en recours protecteur. De fait, il se maintient dans le jeu politique.

De même, la mise en exergue des philippiques de François Fillon sur sa personne fait passer le Président de la République pour une victime subissant des attaques au prétexte de règlements de compte personnels. Depuis son éviction du Gouvernement en mai 2006, François Fillon lui voue une haine farouche. Or les français sont fatigués de ses rivalités de personne et des échanges à la limite de la calomnie qui sont à double tranchant. Ainsi, les français pourraient compatir au sort qu'un de ses anciens ministres réserve au Président de la République. Qu'on se souvienne des conséquences des propos de son Premier ministre d'alors qui en pleine campagne électorale de 2002, l'avait trouvé "usé, vieilli, fatigué".