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l'éternité plus un jour
5 décembre 2006

En quoi Ségolène Royal s'est montrée maladroite au Liban

La récente sortie du territoire de Ségolène Royal a fait grand bruit. On peut y voir une explications y nourrir une analyse et porter une réflexion sur l'évolution pas forcément heureuse des moeurs politiques en matière diplomatique.

L'explication est simple et tient au fait que la campagne électorale pour les présidentielles est désormais partie.Tous les coup sont donc permis. Ainsi, il n'est pas surprenant que l'UMP prennent prétexte d'un déplacement compliqué dans un Orient qui ne l'est pas moins pour user de l'argument massu qui consiste à valoriser aux yeux de l'opinion l'inexperience de Ségolène Royal et, en l'occurence, son manque de stature internationale.

L'analyse, c'est qu'effectivement, Ségolène Royal a commis une bévue dommageable qui n'est pas forcément celle que l'on croit. Le fait de parler avec des représentants du Hezbollah ou du Hamas n'est pas forcément honteux ou réphrensible. Qu'on le veuille ou non, ces mouvements radicaux, aussi malfaisants soient-ils, se sont inscrits, au Liban et dans les territoires palestiniens, dans un processus démocratique. C'est un fait. Il n'est plus temps de le regretter et de vitupérer sur leur légitimité acquise dans les urnes. Il convient d'en prendre acte dans le cadre d'une action diplomatique réaliste. Et franchement s'est se montrer bien naïf, ou manipulateur, que d'invoquer une mauvaise traduction pour feindre de ne pas entendre les paroles infâmes que peuvent proférer les représentants du Parti de Dieu.

Pour autant, il y a des circonstances qui obligent parfois à une certaine retenue et à un discenement tout "diplomatique". Ainsi, le contexte libanais n'était pas vraiement propice à une telle entrevue, y compris dans le cadre d'une réunion où figuraient tous les partis représentés au Parlement. Un Gouvernement frappé en son coeur avec l'assassinat de son ministre de l'industrie, une société mal assurée, soumise à des tensions politiques internes et l'on mesure facilement les risques d'un retour à la guerre civile. Que Ségolène Royal ait tenu à aller saluer la famille de Pierre Gemayel, on peut le comprendre. Au delà du gain purement politique dans le cadre de la campagne présidentielle, c'était exprimer la reconnaissance d'une part de France envers une famille qui a compté dans l'historie du Liban et de sa proximité avec notre pays. C'était aussi rendre hommage à un membre d'un Gouvernement qui tente vaillamment de défendre l'unité des libanais malgré les vents contraires soufflant de l'étranger.

Une fois cet hommage rendu, une fois cette reconnaissance ainsi exprimée, Ségolène Royal aurait dû accepter les recommandations de l'Ambassadeur de France jointes à celle de Walid Joumblatt, chef du parti socialiste progressiste (PSP) libanais, et rentrer en France. Elle aura préferé jouer les entretemetteuse et rencontrer des députés du Hezbollah au moment même où ce parti préparait une mobilisation de masse en vue de déstabiliser le Gouvernement libanais. Là est la faute, politique et diplomatique, de Ségolène Royal: avoir donné crédit une sorte d'ingérence malhabile de la France dans les affaires libanaises à un moment inopportun.

La réflexion qu'inspire cet épisode et l'écho médiatique qu'on lui donne concerne la spécificité de la politique étrangère et la notion du domaine réservé au Président de la République dont elle fait partie. De fait, le voyage de la candidate socialiste permet d'apprécier les risques que représenterait l'éparpillement d'initiatives prétendument diplomatiques.

Force est de reconnaître qu'il y a quelques mois le Président de l'UMP avait lui-même commis une maladresse en caricaturant inutilement l'action diplomatique de la France devant ses amis américains. A son tour Ségolène Royal se permet un comportement maladroit qui impacte forcément la crédibilité de la France. Dans le monde incertain qui nous entoure, à une période de l'histoire où les cartes géopolitiques sont rebattues entre les Nations et les continents sans respect pour les positions acquises, il y a un danger évident à instrumentaliser la voix de la France.

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Commentaires
C
Comment expliquer, alors, que cette maladresse n'en soit une qu'en France. Le voyage, les propos et les rencontres de Ségolène ont été appréciés tant au Liban, qu'en Israël et même en Syrie...<br /> Les français et leur opinion sur tout...
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K
L'important en politique étant davantage ce qui est perçu que la réalité des choses, Malakine a probablement raison. J'ai moi-même peu apprécié le principe de ce voyage, mais il faut noter qu'il s'est davantage affirmé en rupture avec la méthode qu'avec le fond. Quant au fait de ne pas avoir l'opinion avec lui, je pense qu'il ne pouvait l'ignorer, et que l'on devrait lui en savoir gré, non ?<br /> <br /> Maintenant, je reste étonné que certains soient prêts à excuser une poignée de main avec le hezbollah, mais pas avec un président américain.
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M
La différence, me semble t-il, entre le voyage de Royal au Liban et celui de Sarkozy aux US, c'est que Royal, s'est efforcée, maladroitement peut-être, de s'inscrire dans la continuité de la diplomatie française pour "instrumentaliser la voix de la France" comme tu dis. C'est peut-être condamnable de prendre le risque d'affaiblir la position de la France mais ça part d'un bon sentiment.<br /> Tel n'était pas le cas pour Sarko. Il a clairement voulu se démarquer de chirac sur le point le plus emblématique de son bilan. Il s'est inscrit dans une logique de rupture en stigmatisant "l'arrogance de la France". Il n'avait aucune légitimité pour faire ça, et même pas l'opinion avec lui. Plus qu'une maladresse, c'était une faute, qu'il n'a pas fini de payer.<br /> http://horizons.typepad.fr/
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M
Ho, s'il n'y avait que cette maladresse.<br /> Il y a tout ça aussi :<br /> http://w-next.typepad.com/whatsnext/2006/12/sgolne_et_la_po.html<br />
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