Le 1er Forum interrégional de l'UMP

10 décembre 2006

Né d'une réaction aux primaires socialistes qui ont reçu un bon accueil de l'opinion publique et des coups de boutoirs chiraco-Villepinistes pour fragiliser Nicolas Sarkozy, le 1er Forum interrégional de l'UMP aura tenu toutes ses promesses, sauf pour celles et ceux qui en attendaient quelque chose de grand, de beau et de fort. Il n'aura fait que confirmer l'état des forces et des talents en présence, en même temps qu'il aura permis des ralliements plein d'opportunisme.

Pour Nicolas Sarkozy, il s'est agi d'une prestation de plus. Dès qu'on le place face caméra, avec du public autour, il est à son meilleur pour dérouler, au mot prés, des formules récurrentes qu'il égrène dans ses meetings et qui figurent dans son livre. A cette maîtrise parfaite du discours et de sa pensée, à l'expression constante de son volontarisme et de sa détermination, il aura rajouté samedi le calme, la courtoisie et l'écoute qui pouvaient lui faire défaut.

Pour Michèle Alliot-Marie qui voyait dans ces forums interrégionaux, un moyen d'exister dans le jeu de l'élection présidentielle, le bilan est plus morose. Jamais, elle n'est apparue en mesure de contester, sur le plan des idées, celui qu'elle aimerait bien supplanter. On avait presque de la peine pour elle qu'elle ait eu, un instant, l'idée bien naïve de penser s'élever au niveau de Nicolas Sarkozy pour s'en démarquer. De fait, piégée d'entrée par la configuration de la scène Michèle Alliot-Marie était entourée de l'insipide Bernard Accoyer, Président des députés UMP et de l'inusable caution centriste qu'est Pierre Méhaignerie, tandis que Nicolas Sarkozy avait droit à son propre pupitre. On est candidat ou on ne l'est pas! Pour avoir cru pouvoir imposer son propre calendrier, Michèle Alliot-Marie s'est vu rabaissée au rang des simples députés de bases réunis pour donner le ton insipide de cette causerie sans enjeu.

Au demeurant, ce 1er forum interrégional montre bien que le temps du débat au sein des partis est révolu. Il n'y a plus que la gauche anti-libérale pour s'enfoncer encore dans des guerres picrocholines. A l'UMP comme ailleurs, c'est désormais le temps de l'unité qui doit prévaloir. On peut peut-être considérer que le calendrier est encore long d'ici le 1er tour des élections présidentielles. En même temps, il s'agit de rattraper le temps perdu en 2002, lorsque la présidentielle s'était jouée sans débat ni confrontation de projet.

Par ailleurs, s'agissant du souci exprimé par l'UMP de rivaliser avec le PS en matière de pluralisme et de libre échange interne, c'est faire un contre sens sur les vertus retirées des primaires socialistes. Ces dernières constituent, en réalité, un processus de sélection par défaut. Un grand parti comme le PS, dans une démocratie moderne, équilibrée entre une majorité et une opposition, aspirant, l'une et l'autre à débarrasser le pays du double danger de l'extrémisme et de la dépolitisation, aurait du avoir comme candidat naturel son leader, en l'occurrence son Premier secrétaire: François Hollande. Or, si venant de nulle part, Ségolène Royal s'est imposée aux yeux de militants, ainsi que par leur vote, c'est bien parce que celui-ci, notamment en raison de son engagement courageux pour le projet de Traité de Constitution Européenne (TCE) lors du référendum de mai 2005, fut incapable de tenir son rang.

A l'UMP, dont on oublie trop facilement la genèse, l'affaire était tout autre. Nicolas Sarkozy, élu président de l'UMP, avait toute la légitimité pour incarner aux yeux des militants, le candidat naturel du parti. Ce faisant, il rejoignait les Tony Blair, José Manuel Zapatero, ou la chancelière allemande Angela Merkel, dans le rôle naturel du leader conduisant son camp à la victoire et légitime pour exercer le pouvoir. Il est dommage qu'à cause quelques archéos qui cachent leur hostilité au Président de l'UMP derrière des références périmées au gaullisme, l'UMP s'abîme dans des débats déjà tranchés.