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l'éternité plus un jour
17 janvier 2007

Le patrimoine de Ségolène Royal

La polémique sur le patrimoine de Ségolène Royal a quelque chose de classiquement désuet, de ridiculement vain et de parfaitement mesquin. Les années passent assaillies en toute chose de modernité et de progrès sauf apparemment en matière d'affrontement politique. On s'en tient là toujours aux bonnes recettes racoleuses. La suscpicion qui touche à l'enrichissement inconsidéré, voir frauduleux, de nos femmes et hommes politiques reste un modèle du genre.

Après, entre autres, l'affaire de la feuille d'impôt de Jacques Chaban-Delmas, sortie par le Canard Enchaîné (1) lorsqu'il était Premier ministre, le prêt sans intérêt pour l'achat d'un appartement consenti à Pierre Béregovoy (2) par un homme d'affaire proche de François Mitterrand, alors Président de la République ou les révélations - toujours du Canard Enchaîné - sur le faramineux revenu d'Edouard Balladur (3), nous arrive tout droit et sans nuance l'étalage du patrimoine de Ségolène Royal du fait d'une rumeur supputant l'existence d'un montage fiscal qu'elle aurait élaboré en vue de se soustraire à l'impôt.

De cette transparence patrimoniale peut ressortir deux éléments qui donnent autant d'arguments respectifs pour la droite et la gauche au regard d'une appréciation discriminante en matière de fiscalité prônée par ces deux familles de pensée .

Pour la droite - celle de la rupture et non celle qui s'est morfondue sur le sujet depuis cinq ans - le patrimoine de Ségolène Royal illustre à merveille l'inanité de l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF). Cet impôt tient en matière de polémique politique une place inversement proportionnelle à son rendement. Pesant environ 3 milliards d'euros, il représente moins de 0,5% de l'ensemble des prélèvements obligatoires. La solidarité est à trouver ailleurs car de fortune il n'y en a plus en France. De fait cet impôt symbolique impose plus sûrement les gens aisés, ainsi que la candidate socialiste s'est qualifiée au micro de RTL, qui ont pu se constituer, sans excès ni démesure, un patrimoine au cours de vingt cinq années de vie professionnelle. Malgré une aspiration légitime à y parvenir, il n'est pas certain, comme elle l'a d'ailleurs reconnu que la génération qui accède aujourd'hui à la vie professionnelle puisse faire de même.

Mais la manière dont Ségolène Royal a fait état de son patrimoine permet à la gauche de préserver intact son appréciation idéologiquement négative du profit et de rester fidèle à son aversion pour les riches comme l'avait récemment affirmé (à titre personnel?) le Premier secrétaire du Parti socialiste. C'était le 11 juin 2006, sur France 2.

Car si la Présidente de Poitou-Charentes s'acquitte, presque avec fierté, de l'ISF en sa qualité de propriétaire, elle ne se laisse pas aller à la tentation de satisfaire facilement un quelconque enrichissement sur le dos des travailleurs. Ainsi, elle a tenu de préciser qu'elle ne possédait ni obligation, ni action et a cru bon d'ajouter qu'elle n'avait aucun objet de valeur. Ainsi l'honneur est sauf. Et la Présidente pousse jusqu'à la caricature cet exercice de transparence en annonçant qu'elle est propriétaire d'une voiture de mileu de gamme dont elle nous épargne quand même le kilomètrage. Pour quelqu'un qui se déplace en berline avec chauffeur, on devrait lui conseiller de la vendre.

(1) En janvier 1972, Le Canard enchaîné publie la feuille d'impôt de Jacques Chaban-Delmas, et révèle qu'il n'a pas payé d'impôt sur le revenu de 1967 à 1970, période au cours de laquelle il a été président de l'Assemblée nationale, puis premier ministre. Jacques Chaban-Delmas avait bénéficié d'un mécanisme légal, celui de l'avoir fiscal, institué en 1965. Au chapitre "Coups bas" de son livre l'ardeur, paru en 1975, J. Chaban-Delmas mettra clairement en cause V. Giscard d'Estaing, son ministre des finances, dans la communication de ces documents au journal satirique.

(2) Il s'est suicidé le 1er mai 1993.

(3) Le 8 mars 1995, Le Canard enchaîné révèle que le revenu net imposable du Premier ministre, candidat à l'élection présidentielle, s'est élevé à 7 millions de francs de 1991 à 1993. Il révèle également qu'alors qu'il était députés et conseiller de Paris, il a perçu un salaire de 100 000 francs par mois comme conseiller du président d'une entreprise qu'il avait lui même dirigée quelques années auparavant.

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Commentaires
B
Il serait intéressant de savoir qu'elle fut la position de Ségolène Royale et François Hollande, dans l'hypothèse où ils étaient déjà députés lorsque l'Assemblée nationale a eu à se prononcer sur le montage juridique d'une SCI immobilière avec les avantages qui y sont attachés.
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