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l'éternité plus un jour
24 janvier 2007

Chirac et dépendances de Jean-François Probst Ramsay, 278 pages, 7,50 €

Chirac_et_d_pendances

Maintenant que la période des voeux est passée, le Président de la République va-t-il progressivement glisser vers l'indifférence d'ici au mois de mai et définitivement sombrer dans l'oubli après l'élection de son successeur? Pour éviter le pire, et préparer votre hommage personnel à celui qui nous gouverna douze ans durant, je vous suggère d'entamer votre rétrospective avec le livre délicieusement corrosif de Jean-François Probst.

Jean-François Probst est ce qu'on appelle communément dans le jargon politique un apparatchik. Depuis 1974,  il a quasiment consacré sa vie d'homme à la conquête du pouvoir dans les premiers cercles de l'action militante. A le lire, on peut considérer qu'il se pousse du col car c'est un bilan florissant à sa gloire qu'il énumère. Ainsi, il serait l'artisan fondateur d'un RPR conçu de toute pièce en 1976 au service de Jacques Chirac. Christian Poncelet lui doit son élection à la présidence du Sénat en 1998 tout comme " "la demi-sotte" Michelle Alliot-Marie à celle du RPR un an plus tard. La montée en puissance de Charles Pasqua et sa métamorphose en notable de la République est de son fait et c'est encore lui qui manoeuvra aux côtés de Jean Tibéri, en 2001, pour sauver l'honneur du Maire de Paris et tenter de contrer la calamiteuse candidature de Philippe Séguin.

De fait, Jean-François Probst présente un activisme politique nourri au service des principales têtes d'affiches du RPR. Son livre mémorise les faits et gestes de ces hommes et femmes qu'il a servi ou croisé et qui sont autant de personnalités ayant graviter autour de la personne du Chef de l'Etat, de l'époque qui va de 1974 à 2002. Son récit, truffé d'anecdotes et de portraits saisissants, offre la vision trop rare des rouages du pouvoir et le comportement de ceux qui les font fonctionner au plus près de réalités plus prosaïques que vertueuses. Il montre bien les jeux d'influence qui entraînent les adoubements comme les reniements, les trahisons qui se font contre les rapprochements ou les fidélités qui naissent à l'ombre des rancunes. La montée en puissance, à l'orée des années quatre vingt, d' Edouard Balladur dans la sphère d'influence de Jacques Chirac au détriment de Charles Pasqua est un modèle du genre.

En outre, pour le bonheur du lecteur, Jean-François Probst développe un style direct qui ne s'embarrasse pas de circonlocutions. Arguant d'une certaine fidélité et d'une estime pour ceux qu'il a servi et dont il parle, il exprime sa vérité sans retenue. A côté des hommages les plus chaleureux, il n'hésite pas à placer les critiques les plus dures qui, à l'observation des faits, ne sont pas dénuées de vérité.

Cette liberté de ton gouailleur, à la limite de l'insolence, donne au récit le sel qui manque à la plupart de ce genre de livres politiques, trop souvent emprunts de souvenirs compassés. Volontiers donneur de leçon, Jean-François Probst récrimine parfois de n'avoir pas suffisamment été écouté par ses maîtres. Il a souvent raison car ça aurait évité les bourdes qui ont émaillé le règne, et irrémédiablement entaché la gloire du Président de la République, notamment cette calamiteuse dissolution de l'Assemblée nationale en 1997.

Le livre était paru en 2002 quelques semaines avant l'élection présidentielle, sans doute en guise de témoignage utile à l'adresse des électeurs de l'époque. A quelque mois de la nouvelle échéance il reparaît opportunément et n'a rien perdu de son attrait.

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