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l'éternité plus un jour
1 février 2007

Un pouvoir nommé désir de Catherine Nay - Grasset, 476 pages, 20,90€

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Par souci d'honnêteté on dira en préambule qu'il s'agit d'une biographie autorisée, ce que l'auteure reconnaît volontiers puisqu'à la fin du livre, elle commence la liste de ses remerciements par Nicolas Sarkozy "qui a acquiescé à toutes mes demandes".

Je retire trois remarques de la lecture alerte de ce livre qui outre un complément d'informations intéressant sur Nicolas Sarkozy, offre également un panorama rétrospectif utile sur la droite au cours de ces vingt dernières années.

l'ascension de Nicolas Sarkozy

De fait, le récit de Catherine Nay met assez bien en valeur l'idée générale utilisée par Nicolas Sarkozy dans sa campagne pour valoriser un homme qui s'est fait tout seul: "On ne m'a rien donné, on ne peut compter que sur soi-même." Cette phrase revient comme un leitmotiv dans le livre.

Pour appuyer cette donnée de base, le récit de son enfance est touchant avec "toujours ce sentiment de n'être pas grand-chose dans un environnement opulent". Derrière les beaux quartiers de la plaine Monceau et de Neuilly-Sur-Seine où grandit le jeune Nicolas, il y a une vie de famille, matérielle et sociale, pas forcément facile. A cela s'ajoute son ascendance qui a créé en lui "un sentiment de minoritaire".

L'ascension politique de Nicolas Sarkozy constitue l'autre élément moteur de la marque de fabrique du candidat à la présidentielle. Nul doute qu'en la matière, il s'est fait tout seul et Catherine Nay s'emploie à le démontrer. Parti de la base militante et "du fonds de la salle", il a progressé avec courage et opiniâtreté jusqu'à la lumière. Si l'homme a des qualités et du culot, Catherine Nay rappelle les portes qu'il lui a fallu enfoncer plus souvent qu'à sont tour afin de s'imposer. Elle écrit: "Alain Juppé et Dominique de Villepin ont été collaborateur de Jacques Chirac. Faits par lui. Promus par lui. Pas Sarkozy."

ses relations avec Jacques Chirac

Par la force des choses, Jacques Chirac ayant été le point de gravitation de la droite française depuis vingt ans, il en est abondamment question. Au delà de la circonstance qui risque de faire de l'un le successeur de l'autre, il y a la force d'une relation qui comprime tout le champ émotionnel ; fascination et répulsion, estime et dénigrement, coopération et concurrence, amour et haine, générosité et pingrerie, bienveillance et perfidie.... Catherine Nay montre bien à quel point ces deux fauves peuvent se ressembler dans la part d'instinct qui les pousse résolument et sans mesure à la conquête du pouvoir. Décelant trop bien les qualités de Nicolas Sarkozy, Jacques Chirac n'en aura que plus d'ardeur à freiné son ascension: "S'il est une constante, c'est bien que Jacques Chirac n'a jamais voulu booster la carrière de Sarko." Nicolas Sarkozy voit dans le Président de la République un modèle à la mesure de son talent. Il y puisera le courage de l'affronter. S'il est arrivé à la tête de sa famille, c'est, contrairement à d'autres, à force de s'être opposé au père. Catherine Nay écrit: "Sarko est peut-être le fils mais il n'est pas l'héritier."

Après avoir été très proches les liens se sont inexorablement distendus même si Catherine Nay suppute un accord dans l'intérêt de Jacques Chirac, soucieux de "ne pas laisser écrire aux historiens qu'il aura, par trois fois, fait battre son camp. Si Sarkozy devait être défait, il ne doit pas être dit que c'est par sa faute."

la personnalité de Nicolas Sarkozy

Parce qu'on ressent assez souvent l'empathie du biographe à l'égard de son sujet, on retrouve dans son récit les preuves du changement annoncé de Nicolas Sarkozy. Touché par les échecs politiques - la défaite d'Edourad Balladur en 1995 - comme par les épreuves personnelles - la fugue de Cécilia, il aurait gagné en humanité et donne le change après des années de suffisance et d'arrogance. Catherine Nay accrédite sans retenue cette idée, allant jusqu'à renvoyer à de longues citations à haute teneur philosophique de Nicolas Sarkozy lui-même: "Ce n'est pas la vanité blessée qui fait la douleur c'est l'absence." ou cette assertion, "Je n'ai pas envie d'être Président. Je dois être Président.".

Mais au delà de l'étalage luxueux des difficultés de son couple qui auraient donc refaçonné l'homme se présentant devant les français, il y a une personnalité hors du commun faîte d'une terrible ténacité, d'une insatiable détermination et d'un inaltérable enthousiasme pour commander, impulser et décider. On peut mégoter sur ses qualités ou ses états de service, c'est le jeu politique. Il n'empêche. Nicolas Sarkozy est un travailleur acharné et porte comme une nécessité le souci d'agir et de convaincre. Il en découle d'ailleurs une conception particulière et plutôt séduisante de la fonction présidentielle. Là ou l'actuel Chef de l'Etat considère que le Président de la République est un arbitre qui rassemble et apaise, le candidat le voit en leader qui entraîne et assume son projet. Et Catherine Nay de conclure: "il avance sans masque. Il n'est pas byzantin, il montre son jeu, annonce toujours la couleur."

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Commentaires
B
Beau billet, utile à relire pour apprécier la période qui vient et mieux comprendre en quoi FH et NS sont des hommes politiques bien différents. Merci!
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