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l'éternité plus un jour
17 février 2007

le temps du débauchage

Après le temps des ralliements, voici venu celui des débauchages. Deux fortes personnalités ont récemment eu les honneurs de ces manoeuvres qui équivalent à des prises de guerre.

C'est d'abord le rigolard Maire d'issy-les-Moulineaux, André Santini qui s'est enfin décidé à faire allégeance à Nicolas Sarkozy, au moment opportun où celui-ci est tout occupé à développer sa stratégie d'ouverture. A le voir,tout sourire, déclarer "son choix", on pourrait croire à un élan spontané et désintéressé de la part d'André Santini, fondé, par surcroît sur des liens d'amitié avec le Président de l'UMP et que semblait naïvement ignorer son ancien mentor, le Président de l'UDF. Mais l'homme est habile comédien, son approche fanfaronne de la politique le rend insaisissable. Ni bon, ni mauvais, ni pour, ni contre, André Santini s'en tire toujours par la désinvolture, l'usage immodéré du calembours et l'art de la pirouette. Ainsi, la spontanéité comme la liberté de son choix pour Nicolas Sarkozy doivent être relativisées au regard de ses intérêts politiques qui surpassent certainement la force de ses convictions. En tant que Maire des Hauts de Seine, engagé dans opérations d'aménagements urbains d'importance pour sa commune, le Maire d'Issy-les-Moulineaux pouvait-il dans cette campagne, tourner ostensiblement le dos au Président du Conseil général, en l'occurrence Nicolas Sarkozy, dès lors  que celui-ci, devenu Président de la République, aurait forcément la facilité de redistribuer les prébendes dans son département en même temps qu'il aura liberté de faire ministres certains de ses soutiens? Ces hypothèses qu'on lui a fait entendre ne lui répugnant pas, André Santini ne pouvait pas insulter l'avenir en demeurant fidèle à François Bayrou.

Mais rassurons nous pour ce dernier. Au même moment, il a su faire bouger à son profit une autre pièce décisive sur l'échiquier de la campagne présidentielle. Par la diffusion indiscrète d'une vidéo, les stratèges de François Bayrou ont révélé le flagrant soutien d'Alain Duhamel. Au cours d'une réunion de la famille centriste, dans un amphi de Sciences-Po acquis à la cause du candidat de l'UDF, l'omnipotent chroniqueur politique s'est lâché. Faisant abstraction d'un devoir de réserve, au moins formel qui sied à sa fonction journalistique, il s'est épanché sans détour sur son vote lors du prochain scrutin présidentiel. Cet aveu était trop beau pour rester confiné dans une vidéo anonyme et confidentielle, vieille de trois mois. L'oeuvre du net donnait l'opportunité de faire entendre au plus grand nombre la parole sérieuse et solide d'Alain Duhamel qui chaque matin éclairait jusqu'à présent l'esprit embrumé des auditeurs de RTL sur les affres de la politique. L'effet a joué au delà des espérances. En appesanteur, Alain Duhamel est désormais sans voix. De journaliste emblématique, le voila devenu simple groupie de présidentiable. Quelle déchéance!

Reste une troisième personnalité, qui aimerait bien se faire débaucher. Très en verve avec deux interviews cette semaine, Bernard Tapie lance des appels du pieds aux principaux candidats. On l'annonçait chez Nicolas Sarkozy. De fait il s'est montré très critique envers Ségolène Royal tout en rappelant qu'il portait à gauche. L'ancien ministre de François Mitterrand est revenu de tout, des affaires, du sport, de la politique et du spectacle. Il lui reste sur les bras une affaire judiciaire dans laquelle l'Etat et le pouvoir politique ne sont pas complètement neutres. Il aimerait bien la mettre en balance avec sa notoriété établie et confirmée: "j'ai été un des sept français au cours des vingt dernières années à faire plus de 12% dans une élection nationale." a-t-il rappelé. En échange d'un  compromis négocié sur la première, il offrira la seconde. La question est donc posée à tous les candidats qui prétendent à la victoire finale: Vaut-il mieux avoir Bernard Tapie avec soi ou contre soi? De la réponse découlera son débauchage, d'un côté ou de l'autre.

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