La démission d'Eric Besson

Ca ne devrait être qu'une des mille péripéties qui émaillent une campagne électorale dans le camp d'un candidat. Pourtant, "le retrait de la vie politique" d'Eric Besson, en même temps qu'il déçoit, suscite un certain nombre de questions.

Elle déçoit d'abord parce qu'Eric Besson figure parmi les députés de qualité. La classe politique n'est pas aussi bien pourvue en talent qu'on puisse ne pas regretter son renoncement à être de nouveau candidat en juin prochain. Sans rien lui enlever de son orientation qui le conduit à défendre un parti pris politique, par ailleurs critiquable, il s'est toujours exprimé avec compétence, mesure, clarté et une certaine élégance.

De fait, la première question qui vient à l'esprit est de savoir comment le Parti socialiste, et singulièrement son Premier secrétaire, ont-ils pu laisser perdre un si bon élément parmi la réserve générationnelle qui entend succéder aux éléphants?

La seconde interrogation porte sur les raisons profondes du retrait d'Eric Besson. Nonobstant la réalité et la dureté des attaques portées sur sa famille, on a du mal à penser qu'elles seraient seules à avoir emporté sa décision. Ces rumeurs malveillantes auront finalement fait leur oeuvre. En s'écartant de lui même de la sphère politique, Eric Besson doit réjouir leurs auteurs qui auront certainement obtenu plus que ce qu'ils souhaitaient.

Même s'il l'a écarté, on ne peut s'empêcher d'imaginer une manoeuvre ourdie à la base par des proches de Lionel Jospin, dont Eric Besson avait défendu le retour. L'affaire a peut-être pris des proportions plus importantes que prévues, mais elle est tout de même partie de critiques sévères énoncées à l'encontre de Ségolène Royal et la conduite de sa campagne. Là aussi, malgré son jeune âge, Eric Besson n'est pas naïf au point d'imaginer que l'esclandre qu'il a lancé pouvait se limiter à une anecdote circonscrite à l'équipe socialiste. Aussi fondé soient-elles, ses remontrances arrivent bien tard pour paraître constructives, notamment après le 11 février, jour à partir duquel, tout devait être calé pour un nouvel élan après le "trou d'air". La période n'est plus aux états d'âme et au dénigrement. Par surcroît, cette affaire s'achève dans l'ironie puisque la candidate socialiste aura entendu Eric Besson. Après l'avoir inutilement humilié, elle va lui donner raison en remaniant son équipe de campagne.

Vient la dernière question qui relève de la découverte concernant les liens entretenus entre Eric Besson et Nicolas Sarkozy. Bâtis sur le terrain de l'affrontement politique, ils sont fait d'estime et de respect. A la lecture du livre dont la construction a été coordonnée par Eric Besson, il était permis d'en douter. De la à imaginer un ralliement du député socialiste aux côtés du Président de l'UMP, il n'y a pas loin d'avoir une nouvelle péripétie dans cette campagne.

Comments

[Bob07]

Bonjour…

Avant de critiquer M. Besson, et bien j’ai voulu me faire une idée… car n’importe qui peut critiquer, surtout les personnes ne sachant le faire que par constat d’échec de leur propre vie… On m’a prêté son livre. J’y ai rencontré un homme désabusé, foncièrement honnête… (c’est d’ailleurs l’image qu’il a auprès de tous ceux qui le côtoient depuis des années), et qui pour être en harmonie avec sa conscience - peu de gens le sont il me semble à l’heure actuelle – n’a pu faire autrement que de franchir ce pas. A mes yeux, son choix inspire le respect. Il ne s’agit pas d’un coup de tête, mais d’une progressive prise de conscience. Et découvrir les rouages et les fonctionnements actuels du PS, pour qui je vote depuis des années, fait frémir… ce sont ces gens là qui veulent encore le pouvoir ? Quelle tristesse, alors qu’il y a tant de souffrance, et de personnes, à la base, si sincères… mais qui se font manipuler par un panier de crabes… avides de pouvoir et à l’égo surdimensionné.