la leçon de François Bayrou
Outre qu'elle vivifie la campagne électorale, la montée de François Bayrou dans les sondages d'opinion a un mérite: elle relativise la portée de l'élection présidentielle et rappelle opportunément les fondamentaux du régime de la Vème République.
A force de focaliser sur candidats, leurs personnes, leurs projets, leur mépris des étiquettes et leurs désir d'ouverture, on oublie peut-être un peu trop vite que tout puissant et irresponsable soit-il, le Président de la République a besoin d'une majorité parlementaire pour décliner efficacement la vision qu'il a proposée à ses concitoyens. Les effets désastreux des trois cohabitations sont là pour attester de cette vertu institutionnelle. A cet égard, il est bon de rappeler l'engagement du Président de l'UDF en faveur de l'inversion du calendrier électoral, tel qu'il fut décidé par le Gouvernement de Lionel Jospin en 2000, afin de mettre en concordance les majorités présidentielle et législatives.
Pour le candidat défendu par le Parti socialiste comme pour celui soutenu par l'UMP, cette concordance est manifeste. Leurs forces respectives au Parlement suffisent à définir une majorité parlementaire claire dans une symbiose entre pouvoir exécutif et pouvoir législatif, gage de stabilité par laquelle passe l'efficacité de l'action. En revanche, la situation est plus trouble pour les candidats qui se rêvent en outsider du premier tour. Pour eux, cette cohésion de majorité n'a rien de naturel ni de prévisible. Aussi, pour leur crédibilité comme pour la bonne information des électrices et des électeurs, elle mérite une mise en perspective claire.
A cet égard, la position défendue par Daniel Cohn-Bendit est tout à fait estimable. Elle a surtout le mérite d'être assumé par son promoteur. Clairement affichée, et à défaut d'être véritablement inédite, l'offre d'un "nouveau partenariat" PS-UDF-Vert est sur la table. Naturellement, il convient de ne pas être naïf. Ce rassemblement défendu par le député européen est suggéré à l'aune du piètre résultat envisagé par Dominique Voynet comme du témoignage indigné mais stérile des porte-parole de l'extrême gauche.
Là où Daniel Cohn-Bendit impose la clarté avant le vote, François Bayrou instille le doute et s'enfermant dans un non-dit qui au delà du risque d'être dangereux pour lui, n'est pas honnête vis à vis des françaises et des français.