Payé par Villepin, Piketty vote Royal

J'apprends ici que Thomas Piketty a annoncé son soutien à la candidate socialiste. Ce n'est pas vraiment une surprise au regard de la tribune vide de sens mais pleine de fiel qu'il a récemment signée dans Libération. Ce qui interpelle en revanche, c'est le moment choisi, soit le lendemain de l'inauguration de l'Ecole d'Economie de Paris, présidée par Thomas Piketty lui-même. La création de la Paris School of Economics (PSE) est un projet ambitieux et coûteux dans lequel l'Etat s'est fortement engagé même si, à terme, les fonds privés sont censés dépasser les fonds publics. De fait, le Premier ministre qui n'entend pas baisser les bras jusqu'au bout et colle au moindre événement médiatique susceptible de justifier encore son existence, a honoré cette inauguration de sa présence. D'ici à ce qu'il ait passé un "pacte présidentiel" avec Thomas Piketty sur le dos de Nicolas Sarkozy, il n'y a qu'un pas qu'il serait malséant de franchir.

Naturellement Thomas Piketty est libre de soutenir qui il veut à l'élection présidentielle. Il est aussi libre de le faire savoir, encore que sur le principe cette initiative soit assez contestable comme l'explique excellemment bien Christophe Barbier dans son éditorial(1) de L'Express. Pour autant, dès lors qu'on profite des mannes budgétaires de l'Etat, il y a peut-être, en vertu d'une élémentaire reconnaissance, des formes à mettre dans l'expression de ses convictions militantes. Fricoter à coup de discours inauguraux avec le Premier ministre le jeudi et annoncer la couleur de son bulletin de vote le vendredi en invoquant la peur que peut inspirer le candidat de la majorité sortante, c'est un manque d'élégance qui en dit long sur la nature de Thomas Piketty, nonobstant ses analyses scientifiques sur l'impossibilité de réduire les prélèvements obligatoires dans notre pays.

Longue vie à la Paris School of Economics et succès à son Président.

(1) "toute expression d'un choix électoral est un indécent trafic d'influence".