Le soutien de Jean-Louis Borloo
Dans cette campagne, il était la dernière vedette à rester sur la réserve. Levant l'équivoque, Jean-Louis Borloo a enfin officialisé son soutien à Nicolas Sarkozy: "Si je peux donner un conseil, je suis à sa disposition". On reste confondu devant tant d'abnégation et de dévouement.
Il serait fallacieux de croire à la fausse naïveté du Ministre de la Cohésion sociale qui par son indécision faisait mine de vouloir peser sur le projet présidentiel de tel ou tel par la force de son expérience, l'atypisme de sa personne et l'originalité de ses idées.
Dans ce jeu d'influence qui ne dupe personne, Jean-Louis Borloo aura bénéficié de l'aide indirecte de François Bayrou. Dans un excès d'assurance qui valait plus comme un coup de bluff, le candidat centriste en avait fait un exemple pour incarner le rassemblement des talents avec lequel il pourrait gouverner. Rompu aux arcanes du rapport de force qui impose les choix politiques stratégiques, Jean-Louis Borloo a laissé dire en souvenir de 2002. A l'époque, il avait fait toute la campagne du candidat centriste avant de tourner casaque au second tour en ralliant l'UMP naissante. On connaît la suite avec l'ascension ministérielle qui fut la sienne assortie d'une bonne côte dans l'opinion.
Naturellement l'hésitation supposée de Jean-Louis Borloo avait de quoi agacer Nicolas Sarkozy. En réalité, elle lui aura été plutôt utile. Le choix du Ministre de la cohésion social tombe à pic au moment où le candidat de l'UDF, encore haut dans les sondages, s'échine à débaucher pour donner corps au concept d'union nationale. A défaut d'avoir pu récupérer Jean-Louis Borloo, il peut toujours se consoler avec Azouz Begag qui aura été instrumentalisé jusqu'au bout pas son mentor et François Goulard qu'on avait connu plus attaché aux idées de fond qu'aux postures politiciennes.
Derrière un habillage programmatique qui ne trompe personne, Jean-Louis Borloo escomptait bien négocier jusqu'au bout son avenir et faire porter son ambition au dessus de tout. Comme tout homme politique qui se respecte, Jean-Louis Borlo est en avance d'un coup et vise une marche de plus. Son pas de deux et son livre lui auront permis d'incarner un candidat au poste de Premier ministre. A moins qu'il ait anticipé plus avant encore en s'accordant avec Nicolas Sarkozy sur l'avenir de Paris aux élections de 2008.