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l'éternité plus un jour
31 mars 2007

Derrière l'insécurité, les vrais enjeux de la présidentielle

Espérons que l'insécurité ne vienne pas occulter trop  lourdement les enjeux de l'élection présidentielle qui donnent toute sa pertinence au choix démocratique de cette consultation.

Il ne s'agit pas de nier la réalité d'un phénomène douloureux pour bon nombre de concitoyens et dangereux pour la cohésion sociale. Les ferments d'accès de révolte juvénile existent sans aucun doute. Mais c'est un constat partagé qui amène les principaux candidats à des prises de position similaires. Ainsi, dans son Dico de la Présidentielle (édition les quatre chemins), Laurent Greilsamer rapporte les propos de Ségolène Royal tenus le 31 mai 2006: "Dans un système de production massive de délinquance, il faut une reprise en main lourde." Elle appelle à "remettre les familles au carré" et promet le placement d'office dans des "établissements à encadrement militaire" des jeunes fautifs de plus de seize ans. Sortie d'une posture politicienne, le traitement de la délinquance n'offre pas un clivage pertinent. Seul le courage et la détermination à agir pourraient désormais fonder une différence politique. Il serait donc regrettable de focaliser sur ce thème au risque de renforcer le caractère émotionnel de la campagne électorale et de passer à côté de sujets qui offrent une alternative politique et proposent des visions originales.

Ainsi dans son édition de ce jour, le Monde donne deux informations sur des sujets qui, parmi d'autres, s'avèrent déterminants pour l'avenir en fonction de la manière dont les politiques s'engageraient à les traiter.

La première concerne le statut des intermittents du spectacle, véritable serpent de mer de notre modèle de redistribution social dispendieux à force de générosité. Le Monde en fait son éditorial pour se désoler d'un système en crise perpétuelle depuis plusieurs années. Et pour cause, ce statut permet à une minorité, artistes ou techniciens du spectacle, de bénéficier d'une couverture sociale financée en grande partie par le reste des salariés du secteur privé. Le nombre des intermittents a quadruplé en vingt ans et, outre quelques raccommodages consistant à renflouer les caisses de leur régime avec des fonds publics, le système n'a jamais été mis clairement sur la table. Peut-on continuer à faire bénéficier une catégorie de nos compatriotes toujours plus nombreuse d'un système payé par d'autres alors même que les dépenses sociales sont inexorablement amenées à s'accroître? A quel prix la culture peut-elle justifier des mesures contestables sur le plan de l'équité? Pourquoi la corporation des gens du spectacle peut s'arc-bouter sur des avantages indus?

La seconde information concerne une décision prise par le Parlement allemand. La loi sur le relèvement de l'âge de la retraite de 65 à 67 ans a été définitivement adoptée. A partir de 2012, le seuil pour toucher ure retraite à taux plein sera relevé graduellement de 65 ans aujourd'hui pour atteindre 67 ans en 2029. En France, nous n'en sommes pas là. En son temps, Michel Rocard, alors Premier ministre avait arguer du caractère explosif du dossier pour justifier son inertie. Après cette triste prémonition, nos gouvernants auront attendus plus de dix ans pour engager une réforme conduite par François Fillon en 2003 dont tout le monde s'accorde à reconnaître le caractère inachevé.

De fait, qu'il s'agisse de l'intermittence ou des retraites, le statu quo n'est pas tenable. Avoir un minimum d'honnêteté avec nous-mêmes, c'est accepter des constats incontestables.

D'un côté, il faudra moins d'intermittents du spectacle si au regard de la spécificité culturelle on veut continuer à  accorder un droit dérogatoire aux artistes. De l'autre, c'est reconnaître que la pérennisation du système de retraite par répartition oblige à décider l'allongement progressif de la vie professionnelle pour assurer un équilibre entre actifs et inactifs. La campagne électorale a besoin de pédagogie et de réalisme du côté des candidats et d'écoute et de raison du côté des électeurs. De part et d'autre, il faut également du courage. Dans ces conditions, l'adéquation entre les deux camps permettra de réussir les réformes indispensables pendant le prochain quinquennat.

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