Les conjoints

Les conjoints des deux principaux candidats à l'élection présidentielle forment un beau couple. C'est inédit en France. Par la même ils suscitent la curiosité et de l'intérêt. Un présidentiable ne se présente pas sans sa moitié. La notion de couple clairement établi demeure une constante du conformisme social auquel un candidat à l'élection présidentielle ne saurait se soustraire. En faire valoir ou en partenaire dans l'exercice du pouvoir, les conjoints partagent, à leur niveau, les vicissitudes et les attraits d'une destinée présidentielle.

Bernadette Chirac qui regrettera l'Elysée, a peut-être poussé la fonction à son maximum par des apparitions calculées et des prises de positions mesurées. Avec un certain courage, elle a souvent sauvé la mise à son mari, voire à son camp politique. Hier encore, sa présence dans une réunion publique aux côtés de Nicolas Sarkozy a permis, d'atténuer les réserves persistantes du clan chiraquien à l'égard du candidat de l'UMP.

De fait avec un homme candidat à la fonction subalterne, la onzième élection présidentielle de la Vème République innove. Dans notre société où les relents d'un machisme atavique obligent à traiter de la parité entre les hommes et les femmes comme les européens eurent à gérer les quotas laitiers, le compagnon de Ségolène Royal dispose d'un statut délicat et tient un rôle difficile. Nonobstant le fait qu'il aurait pu, ou du, être à sa place, François Hollande appelle forcément à des comparaisons dissonantes allant d' Yvonne de Gaulle à Bernadette Chirac. Cette homothétie n'est pas forcément facile à vivre. Elle a été jusqu'a amener ses propres amis à faire des phrases d'un goût douteux que peu d'hommes auraient pu supporter avec la même bonhomie. Néanmoins, pris dans l'engrenage de la campagne qu'il se doit d'accompagner sinon d'entraîner en tant que Premier secrétaire du Parti socialiste, François Hollande assume sa position avec un certain cran qui l'honore.

Après avoir alimenté les magazines en papier glacé dans le cadre d'une stratégie de communication orchestrée au profit de son époux, Cécilia Sarkozy a eu un moment d'égarement sentimental. Les choses sont rentrées dans l'ordre au sein du couple mais depuis, elle n'a plus la même visibilité médiatique. Comme François Hollande mais dans un genre différent, ses allers retours sous les feux de la rampe ne lui ont certainement pas donné que du bonheur.

Sans les prendre en pitié, les conjoints de présidentiables ne font pas forcément envie. Sur le plan des convenances, leur présence est indispensable. Au niveau des usages, leur cheminement personnel est assez réduit. Même si François Hollande pourra continuer à être député et Maire, peut-il envisager un poste ministériel dans un Gouvernement nommé par sa compagne? Alors qu'elle en avait caressé l'idée, Cécilia Sarkozy pourrait-elle se présenter à la Mairie de Neuilly-Sur-Seine sans risque pour son mari devenu Président de la République? En guise d'espérance, l'une et l'autre pourront méditer cette remarque de Jacques Chirac qui a récemment déclaré qu'il y avait une vie après l'Elysée. Ainsi, on évoque l'idée d'une mise à disposition d'un siège de Sénateur de la Corrèze pour son épouse à l'automne prochain.