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l'éternité plus un jour
8 avril 2007

Le cas Le Pen

Et si une fois encore, Jean-Marie Le Pen était en mesure de créer la surprise de l'élection présidentielle 2007? Malgré cinq années d'hibernation politique, cinq ans de plus qui l'amènent à l'âge qu'avait Charles de Gaulle lorsqu'il démissionna de la Présidence de la République en 1969, le Chef du Front National suscite l'inquiétude.

Peu échaudés par leur bévue de 2002, les sondeurs continuent de jeter un voile pudique sur les modalités pratiques de sa mesure dans leurs travaux si bien que le score qu'ils annoncent en sa faveur est sous évalué. Or à ce jour, deux semaines avant le premier tour, la cote de popularité de Jean-Marie Le Pen n'est jamais montée aussi haut.

Ses sujets de prédilection n'ont pas été purgés, loin s'en faut. Ils reviennent dans la campagne, mais sans qu'il soit l'instigateur machiavélique de cette intrusion avec ses légendaires provocations.

De même par une tactique trop voyante, les trois autres candidats ne sont pas sûrs de sortir gagnant d'une incursion sur les thèmes de Jean-Marie Le Pen. Depuis l'annonce précipitée d'un Ministère de l'immigration et de l'identité nationale, Nicolas Sarkozy a pris le risque de limiter son gain électoral au premier tour par un balancement ostentatoire à droite qui peut amoindrir sa capacité de rassemblement. Curieusement, Ségolène Royal est dans une posture similaire lorsqu'elle invite instamment ses concitoyens à faire l'acquisition d'un drapeau tricolore. Enfin, à force d'être dans l'outrance manoeuvrière d'une démagogie fondée sur les ressorts de l'extrémisme, François Bayrou inspire le sentiment qu'un amateur de whisky réserve au Canada dry.

Face au trio de tête, Jean-Marie Le Pen affiche une sérénité imperturbable. Plus habile à manier les symboles qu'à appréhender raisonnablement les enjeux auxquels la France est confrontée, il est allé défier Nicolas Sarkozy sur la dalle d'Argenteuil vendredi dernier. Mais c'est surtout son interview donnée au Monde du jeudi 5 avril qui déconcerte. Elle inspire l'idée désagréable d'avoir un homme, calme et tranquille, emprunt d'une terrible résolution à reproduire un exercice parfaitement maîtrisé. Ainsi, en réponse à quelques questions faciles, il se réfère à Charles de Gaulle, méprise la mobilisation contre lui entre les deux tours de l'élection de 2002: "une mousse médiatique", accorde une sollicitude inaccoutumée aux "trublions" de banlieue qu'il traite en victime et ferait de l'euro des "confitures". Enfin,  comme ses comparses, il cite  à son tour Jean Jaurès et s'accorde Georges Clémenceau comme modèle: "ce vieux rad-soc, francmac'là- parce qu'il était patriote et que c'était un vieux con en plus! Il me sert d'alibi en quelque sorte."

Pour l'heure, les études d'opinion tiennent Jean-Marie Le Pen en lisière du trio de tête. De quoi se rassurer à bon compte, sans pour autant considérer comme saugrenue la réédition d'un 21 avril. Avec une telle répétition, à l'endroit ou à l'envers, la démocratie française ne serait plus en crise mais en péril.

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Commentaires
B
Les quatre candidats sont dans un mouchoir de poche et leur courbe de sondages se rapprochent autour de 20%. On est loin du match annoncé Ségo-Sarko!
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