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l'éternité plus un jour
31 mai 2007

En finir avec les Chiraquiens

François Fillon ne l'a pas envoyé dire. A une question d'un de ses contradicteurs lors d'une réunion publique, il a lâché, froid, net et impassible: "Vous avez raison de dire qu'il a gagné contre Villepin, qu'il a gagné contre Chirac mais comment il a gagné? En étant meilleur qu'eux c'est tout". Tout est dit et, nonobstant la rancune tenace que tient, au fond de lui, le nouvel hôte de Matignon à l'égard de son prédécesseur, il n'y a pas, dans ses propos, une once d'inexactitude ou d'exagération.

Effectivement, tout aura été entrepris par l'ancien Président de la République et ses affidés pour éliminer son successeur. Ce sont les affres de la vie de famille en politique. Il faut savoir s'accommoder des trahisons et des coups bas. L'affaire Cleastream ne fut pas la moindre des pichenettes assénées durant cinq ans à celui qui n'était bon qu'à exécuter ce que le Chef de l'Etat décidait.

De cette ténébreuse affaire, il n'est pas sûr que la vérité sorte un jour, quand bien même les dernières indiscrétions du Général Rondot balancées aux juges pourraient conduire à laisser penser que le Président de la République n'en ignorait pas tout.

Mais dans sa comparaison, le Premier ministre n'en reste pas au constat lucide du passé. Il entend aussi lui donner l'éclat d'une morale politique remise au goût du jour. Ainsi a-t-il prévu la règle qui veut qu'un ministre battu au législatives se verrait immédiatement contraint de démissionner. Comment ne pas voir là encore une flèche bien envoyée à son prédécesseur? Dominique de Villepin n'avait jamais côtoyé une électrice ou un électeur de près. Par surcroît, il a toujours manifesté un profond mépris ostentatoire à l'égard de la fonction élective de telle sorte qu'on a pu lui prêter cette phrase pleine de morgue caustique et d'ironie blessante: "Comment voulez-vous que les députés soient intelligents, ils ont tous été conseillers généraux avant."

Au plan des principes, cette règle qui veut qu'un ministre battu soit un ministre démis, est salutaire. Elle devrait revigorer la démocratie et renforcer la légitimité de nos dirigeants dans leur fonction de représentation. Mais au delà de son caractère vertueux, elle a une portée insidieuse au regard des rivalités d'hier. Des ministres candidats aux élections législatives, seul le sort d' Alain Juppé semble incertain. Ségolène Royal est arrivée largement en tête dans sa circonscription: 56% contre 46% à Nicolas Sarkozy. L'écart n'est pas mince. Reconnaissons que la défaite de l'ancien Premier ministre, devenu Ministre d'Etat par la grâce de son meilleur ennemi ne manquerait pas de sel, a fortiori si l'en on croît les rumeurs accréditant l'idée qu'il aurait intégré le Gouvernement non sans une certaine hésitation.

En tout état de cause, une telle issue montrerait une fois encore tout l'art politique du Président de la République qui sait jeter à bon escient la rancune à la rivière sans pour autant tout oublier ni pardonner. Nicolas Sarkozy sait reconnaître les talents de ses adversaires et déteste les savoirs inutilisées. Force est de constater qu'il est loin du "sectarisme insensé" d'Alain Juppé. En 2002, le tout nouveau président de l'UMP avait refusé de nommer Brice Hortefeux, secrétaire général adjoint du parti. "Il n'y a que les faibles qui se referment, qui se privent des compétences des autres" avait répliqué le ministre de l'intérieur de l'époque.

Il n'est pas dit que si les électeurs de la 2ème circonscription de la Gironde se chargeaient de priver le Gouvernement des compétences d'Alain Juppé en marquant, à leur manière, une inclination pour l'ouverture à gauche, le Président de la République tomberait en affliction.

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