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l'éternité plus un jour
3 juillet 2007

le bicéphalisme de l'exécutif

Dans l'art de s'inquiéter des écarts qui mettent en péril les conformismes rassurants, les relations entre le Président de la République et de son Premier Ministre attisent les commentaires. La déclaration de politique générale du second, au demeurant de bonne facture, fut effectivement propice à d'insidieuses circonvolutions sur le manque d'espace dévolu au Chef du Gouvernement dès lors que le Président de la République s'agite en tout sens.

Ainsi, François Fillon en serait réduit à raser les murs et à faire de la figuration au point d'être passible des tribunaux pour détention d'un emploi fictif. On va jusqu'à imaginer le risque d'une neurasthénie végétative tellement la domination du Président de la République est excessive.

Au delà des états d'âme du Premier ministre assortis d'un "équilibre" formel au sein de l'exécutif, les françaises et les français sont avant tout en attente d'un volontarisme politique. Le choix du Président de la République s'est largement fait sur ce critère, tel que l'avait pressenti Nicolas Sarkozy, longtemps avant son élection. En outre, l'hyperprpésidentialisme dont il fait preuve contraste avec le souvenir encore tiède de l'action évanescente de son prédécesseur. De même, il confirme les effets du quinquennat et de l'inversion du calendrier qui donnent à nos institutions la figure du régime présidentiel.

Au delà des exégèses sur l'interprétation des articles 20 et 21 de la Constitution, Nicolas Sarkozy et François Fillon se distinguent dans leur relation par deux caractéristiques dont peu de leurs prédécesseurs ont pu se prévaloir.

La première c'est la force de leur connexion. Sans doute, comme jamais avant eux, les deux hommes se sont préparés ensemble et aussi longuement pour les postes respectifs qu'ils occupent aujourd'hui au point que leur ticket s'est imposé naturellement. Viré sèchement du Gouvernement en juin 2005, François Fillon a choisi Nicolas Sarkozy sans barguigner. Au cours de ces deux années, le Premier ministre s'est investi en première ligne sur le programme de l'UMP. Il a été de toutes les réunions et de toutes les conventions thématiques qui ont permis à Nicolas Sarkozy d'arriver fin près à l'échéance présidentielle quand sa concurrente directe s'abîmait dans des débats participatifs hétérogènes, inconsistants et émollients. De fait, il connait par coeur le projet que le Président de la République a récité durant la campagne.

La seconde caractéristique porte sur la nature de leur relation tel qu'il en donne à voir pour l'instant - en politique les affinités comme les détestations sont mouvantes. Plus sûrement que sur des séances de jogging organisées pour des raisons d'image et sans nier une proximité d'intérêts politiques, elle est avant tout fondée sur un diagnostic partagé et une communion de pensée: l'impératif de l'action pour une réécriture "du contrat politique, social et culturel de la France". Jamais défait auparavant dans un scrutin, François Fillon avait dramatiquement vécu son échec des régionales de 2004. Il avait alors emprunté une symbolique forte en évoquant un "21 avril à l'envers". De même, au cours de ses expériences ministérielles, notamment avec son rôle pour pérenniser notre système de retraite ou faire bouger notre système scolaire, il a mesuré l'inertie de la société française et le retard pris par notre pays, "faute d'aller au bout des réformes, et ce par appréhension politique, hésitation intellectuelle".

Par un rapide balayage de l'histoire du bicéphalisme de l'exécutif tel qu'institué par la Vème République, c'est de l'équipe constituée par Valéry Giscard d'Estaing et Raymond Barre que le Président de la République et son Premier ministre se rapprocheraient le plus. Comme eux, ils ont établi une certaine complicité à partir d'un choix librement consenti qui privilégie la compétence et une identité de vue plutôt que d'avoir à subir les filtres du rapport de force politicien traditionnel tel qu'avaient pu l'illustrer Valéry Giscard d'Estaing et Jacques Chirac. De même, du fait de leur personnalité et par l'appartenance à la même génération, leur relation n'induit pas une allégeance automatique et ostentatoire sous prétexte d'une légitimité distincte telle qu'avait pu l'incarner jusqu'à la servilité Jean-Pierre Raffarin vis à vis de Jacques Chirac.

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