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l'éternité plus un jour
25 juillet 2007

La communication du Président de la République

C'est son point fort et son plaisir. Il aime abuser de cette confrontation directe par l'expression et l'argumentation. Il n'est pas dénué de talent pour cela, y compris jusque dans l'art de manipuler les mots et les gestes.

Depuis son élection, Nicolas Sarkozy bouscule les codes habituels et les convenances établies de la parole présidentielle. La dernière séquence des infirmières bulgares a donné un aperçu saisissant de cette nouvelle façon de communiquer de la part du Président de la République.

C'est d'abord l'utilisation de son épouse. Bien que silencieuse, ses apparitions et sa présence sur les sols libyens et Bulgares aux côtés des infirmières libérées, relèvent bien, pour partie, d'une communication symbolique. Ce n'est d'ailleurs pas le moindre des éléments qui ont donné à cette affaire toute son ampleur médiatique.

C'est ensuite, Nicolas Sarkozy lui-même qui met curieusement en scène une allocution afin de montrer son emprise parfaite sur ce dossier. Face à la presse, il est entouré de son Premier ministre et du Ministre des Affaires étrangères. Or il semble bien que ni l'un ni l'autre comptent au rang des protagonistes de cette affaire. Il y avait dans leur présence comme une légère incongruité alors qu'à quelques heures d'intervalle, c'est Claude Guéant, le Secrétaire général de l'Elysée, qui s'exprimait formellement devant les journalistes à l'aéroport de Sofia d'où il portait la voix de la France à l'égal d'un Ministre. Quand bien même l'efficacité de l'action française le fut au prix d'un dessaisissement des membres du Gouvernement, on voit apparaître une conception innovante dans la répartition des rôles dévolus, au sein de l'exécutif, aux personnels administratifs et politiques.

Pour corroborer ce sentiment, et parce que rien n'est laissé au hasard à l'Elysée, on notera que le Monde du week end avait offert une longue interview à Henri Guaino. A visage découvert, le conseiller spécial de l'Elysée dissertait abondamment sur ses vues de l'action inspirée par le Président de la République, mais conduite par le Gouvernement. Il y mentionnait également l'importance qu'il y a, selon lui, d'incarner la politique, sans aucune précaution censée préciser le sens de sa fonction et la nature de sa légitimité.

A cette séquence riche d'un nouveau style, il faut rappeler l'instauration d'un point de presse hebdomadaire du porte-parole de l'Elysée afin de rapporter fidèlement la pensée substantielle du Président. Il semblerait qu'à ce jour ce rendez-vous soit plus couru par les journalistes que ceux du porte-parole du Gouvernement pourtant élevé au rang de Secrétaire d'Etat. On avait eu un avant goût de cette préemption du "clan présidentiel" lorsqu'un quotidien avait sorti une interview du secrétaire général de l'Elysée sur les intentions programmatiques du Président de la République, la veille du jour où le Premier ministre délivrerait son discours de politique générale aux députés. Nonobstant l'effet recherché, cette façon de faire était apparue fort discourtoise à l'égard du chef de la Majorité parlementaire et plutôt préjudiciable à la force de sa parole qui s'en trouvait indubitablement dévaluée.

Ce nouvel ordonnancement de l'expression politique au sommet de l'Etat semble incarner de nouvelles manières digne d'un effet de rupture. Il conforte également l'ascendant de Nicolas Sarkozy qui satisfait plus que de raison à son appétit vorace conforme à la règle qu'il s'est édicté à lui-même: "Je veux occuper tout l'espace."

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