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l'éternité plus un jour
7 septembre 2007

La coupe du Monde de rugby

s5292245564_713Neuf ans après le football, le rugby prend la relève du sport spectacle en France. Loin de pouvoir encore rivaliser avec l'engouement planétaire pour le ballon rond, le ballon ovale a néanmoins adopté les mêmes travers en accédant au professionnalisme et à l'euphorie mercantile. Il est révolu le temps de l'amateurisme reclus en terre d'ovalie. Le tournoi des cinq Nations se joue à six et au rugby du terroir, à Soustons, Lavelanet, la Voulte ou Grauhlet, on a mis les terrains en jachère. C'est dans les cathédrales du foot, à Nantes, Lyon ou Saint-Etienne qu'on déplacera les foules pour cette épreuve mondiale.

Il n'est pas sur que le spectacle issu de cette évolution ait pu préserver l'identité d'un sport qui tirait avantageusement partie de la subtilité de ses règles, de l'exotisme de ses terroirs plus ou moins lointains et de la nonchalance de ses sportifs. La hargne, la puissance et la gagne l'ont emporté sur le style, le geste et le plaisir. Les mêlées sont des moments de puissance brute qui s'imposent comme la phase de jeu emblématique pour prouver la domination d'une équipe. Quant à la touche, elle a désormais un côté irréel en ressemblant au lancement d'un spoutnik à destination de la couche d'ozone. A la diversité des joueurs, lorsqu'il y avait ceux qui jouaient du piano et ceux qui les déménageaient, on a formaté des gabarits tout en muscles pas toujours gonflés qu'aux pâtes fraîches en les incitant à aller au contact plutôt qu'à pratiquer l'esquive.

Après avoir été âpres au jeu, les gros pardessus du rugby sont devenus âpres au gain. C'est humain. Pour justifier leur virage et expliquer leurs renoncements, ils vous diront, sans y croire, que pour le sport qu'ils aiment, la seule issue passait par l'argent. Quand le maître étalon du moindre événement est devenu le taux d'audience et la part de marché qui l'accompagne, les sirènes du droit à l'image sont irrésistibles et c'est TF1 qui en profite. Alors, dans l'exercice d'autopromotion de leur sport qui se joue désormais avec des justes au corps de danseuses, des gants et des casques, ils rappellent les vertus originelles du beau jeu de rugby où le collectif l'emporte sur l'individuel, l'authentique sur l'artificiel, l'abnégation sur la frivolité et la convivialité sur l'indifférence. Qui peut encore y croire au premier jour de cette cinquième coupe du Monde? Les gogos consommateurs gavés d'intenses moment sportifs qui rythment désormais la vie du monde et s'offrent en paravents féériques à la globalisation à tout va. Vite! Dans un an, ce sera Pékin et les JO!

Au delà de la nostalgie facile, face à l'obligation de vivre avec son temps et de lui sourire, qu'il soit permis de regretter le rugby champagne, celui qui se jouaient avec un noeud papillon rose ou un béret vissé sur la tête et du sable dans les chaussettes. Mais à la veille d'une épreuve qui flatte l'orgueil des Nations, que ça se passe en France avec des enjeux qui dépassent le sport façon Pierre de Coubertin pour toucher le moral des ménages ou impacter la croissance économique, c'est pas sportivement correct de le dire. Allez les bleus!

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