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l'éternité plus un jour
12 septembre 2007

La tactique de Fillon

C'est rien de dire que la Premier ministre est malmené par les médias. A l'étroit dans ses fonctions de chef du gouvernement, il se fait régulièrement piquer la vedette par des collaborateurs du Président de la République dépourvus de la légitimité élective à laquelle il est pourtant si attaché. Du coup lorsqu'il annonce doctement que la réforme des régimes spéciaux n'attend plus qu'une décision présidentielle pour être engagée sans délai, les commentaires parlent du coup de pied de l'âne. Le "coup d'accélération" de François Fillon serait jugé "hâtif" et "maladroit" à l'Elysée. Et l'on s'inquiète d'une mise en difficulté du Président de la République par celui-là même qui devrait lui servir de fusible.

Pour autant, il n'est pas certain que François Fillon ait omis de calculer son risque. Pour preuve, l'accueil chaleureux qu'il a reçu à l'Assemblée nationale de la part des membres de sa majorité. Alors que ceux-ci sont harcelés sur le terrain au sujet du pouvoir d'achat, et comme avec le coûteux paquet fiscal dépensé cet été, il ne faut guère attendre de mesures revigorantes lors de la discussion budgétaire automnale - le Gouvernement lâchera-t-il du lest sur l'ISF et la résidence principale? -, les députés seraient bien heureux d'avoir à mettre un sujet de diversion sous les yeux et dans les oreilles de leurs électeurs. Prenez les régimes spéciaux par exemple! La mesure est plutôt populaire. Par surcroît, elle est nécessaire et constitue l'un des engagements de campagne du Président de la République.

Du coup la double option technique consistant à faire passer la réforme par la voie d'un texte réglementaire ou par la loi offre une alternative judicieuse pour son exécution. On peut y voir un signe aux syndicats récalcitrants. Face à d'éventuelles provocations de leur part, le Premier ministre pourrait lâcher ses députés, parmi lesquels certains seraient trop heureux d'en découdre. Il ne serait pas bien difficile d'en pousser quelques uns à défendre un texte jusqu'au-boutiste. Les élus UMP attendent un passage à l'acte? Qu'ils y aillent! Devant le risque avéré d'un mouvement social de type 1995 susceptible de retourner l'opinion jusque là favorable à la réforme, il sera toujours temps pour François Fillon de reprendre la main, de calmer le jeu et d'obtenir une réforme à minima correspondant à celle qu'il propose aujourd'hui. Le projet du Premier ministre est plutôt conciliant au regard des prétentions syndicales sclérosées puisqu'il ne vise pas à aligner les régimes spéciaux sur le régime général des salariés, mais sur celui de la fonction publique, qui demeure plus avantageux. Il donnerait lieux à la rédaction d'un décret rédigé dans le cadre d'une négociation comme celle qu'il avait su mener habilement en 2003, avec des syndicalistes revenus à la raison. Chacun des protagonistes se féliciterait alors d'avoir su éviter le pire et pourrait sortir grandi de cette réforme.

Faudrait-il encore que le Président de la République prenne de la hauteur. Certes François Fillon s'en est remis à sa décision et lui a respectueusement laissé la responsabilité du timing. Il n'empêche, une fois n'est pas coutume, Nicolas Sarkozy pourrait avantageusement lui retourner la politesse et partager le soutien des français avec son Premier ministre. On le saura le 18 septembre.

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