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l'éternité plus un jour
19 septembre 2007

Le zèle présidentiel

Yasmina Reza l'avait déjà bien fait transparaître dans son oeuvre littéraire. Une fois de plus, son discours sur la rénovation de notre modèle social a mis en exergue le rapport pressent au temps que le Président de la République entretient. C'est du moins ce que semble retenir l'essentiel des commentateurs et notamment les partenaires sociaux dont la frilosité éruptive c'est à nouveau manifestée contre le rythme réformateur imprimé par Nicolas Sarkozy.

Quand le caractère impétueux d'un homme devenu chef de l'Etat rencontre l'urgence de l'action, on entre peut-être dans la rupture même si nous sommes en France, et que, comme l'écrit Nicolas Beytout dans son éditorial notre pays possède "une lourde tradition historique de renoncements".

Allez vite, être sur tous les sujets; telle est pour l'instant la stratégie de Nicolas Sarkozy. Elle s'inspire des préceptes utilisés en son temps pas Tony Blair et récemment rappelés par son ancien conseillé en communication dans une interview au Monde qui s'expliquait ainsi: "D'une certaine façon, l'hyper-visibilité limite le risque, car vous nourrissez la machine médiatique. Cela permet d'ailleurs aux politiques de pouvoir gouverner plus tranquillement." Les mois qui viennent et le programme du gouvernement français qui va "nourrir" l'actualité permettront de juger la pertinence de cette manière de faire.

Au delà d'une posture et d'une méthode portée par l'avidité politique revendiquée de Nicolas Sarkozy - il avait déclaré peu après son élection: "Je veux occuper tout l'espace, c'est la règle" -, sa célérité rappelle une double exigence.

Il n'est plus temps d'attendre! Prenons les régimes spéciaux de retraite qui ont d'ailleurs fait l'objet d'un traitement plutôt mesuré dans le discours d'hier, comment concevoir qu'il soit encore nécessaire de tergiverser quand leur perspective financière et leur caractère inéquitable sont patents depuis plus de dix ans et que Jacques Espérandieu rappelait dans son éditorial que leur coût à la charge de la collectivité a augmenté de 30% au cours de cette période. S'il y avait une alternative à un alignement circonscrit aux nouveaux entrants de ces régimes, peut-on décemment penser qu'il serait encore à découvrir dans le fil d'une négociation à venir? Quant aux autres sujets évoqués par le Président de la République comment refuser le constat d'une gesticulation stérile des partenaires sociaux pendant tant d'années alors que le seul argument des syndicats de salariés demeure le blocage, la grève et les manifs...

Dans la rupture défendue de manière emblématique par Nicolas Sarkozy, il y a non seulement le besoin de mettre à un terme à l'immobilisme, mais plus important, il y a la nécessité d'accélérer le rythme de l'action gouvernementale au regard du retard pris par rapport aux autres démocraties occidentales. A l'université d'été du MEDEF, dans son discours aux senteurs exhalées par la campagne électorale, Nicolas Sarkozy avait prononcé cette phrase: "Après tout ce que les socialistes anglais ont fait, il y a dix ans, peut-être que la droite française pourrait le faire maintenant...!" De fait, sur tous les sujets, de la fiscalité aux retraites en passant par la durée du temps de travail ou le financement de la protection sociale, nos voisins qui sont aussi nos concurrents directs en même temps que nos partenaires, ont bougé.

Voilà pourquoi, le temps contraint de la réforme tient moins à la seule personne du Président de la République, moins exaltée que certains voudraient bien le dire, et à son zèle, plus utile que certains voudraient le penser.

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