Succès d'orgueil

Les rugbymen français ont apporté la plus belle des réponses qui puisse se faire aux vitupérations qui les touchaient de près ainsi qu'aux dénonciations acrimonieuses à l'égard d'une coupe du monde inutile et offensante pour un sport dont les fondamentaux sont à trouver aux antipodes du professionnalisme mercantile. Je plaide coupable.

Leur seconde mi-temps contre les blacks fut une enchantement par l'alternance vertueuse de mouvements défensifs emplis de bravoure et de deux éclairs de génie qu'appellent les chevauchées fantasques et victorieuses dans l'en-but adverse. Là où un public malléable n'en a niaisement que pour Sébastien Chabal et sa bestialité assumée, des gazelles ont mis le feu, ravivant les humeurs frivoles du "french flair" trop longtemps occultées par les technocrates de la FFR. Il y a autre chose que l'appel démesuré du défi physique dans le rugby.

De même, la réponse du quinze tricolore est une belle réplique aux calculs insidieux d'une organisation franchouillarde qui avait concocté un tableau final cousu main, comme le football hexagonal l'avait fait en 1998 pour mieux dominer le monde dans son jardin. Ce fut sans compter avec les argentins. D'eux, Pierre Villepreux a déclaré: "[ils] ont placé cette compétition sur une définition philosophique plutôt que rubystique". Dès l'entame du tournoi les Pumas ont décidé d'envoyer les gentils organisateurs goûter le gazon de Cardiff en quart de final pendant qu'ils feraient du Stade de France leur pré-carré. Grand bien nous fit. Comme on ne pourra pas invoquer les facilités données par l'arbitrage, il faudra également savoir reconnaître la beauté d'une victoire en terrain neutre.