Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
l'éternité plus un jour
18 octobre 2007

Laurent Fabius ou l'éternel regret socialiste

Lorsqu'il est descendu de la tribune certains socialistes ont du certainement penser qu'ils étaient indubitablement passés à côté de leur candidat à l'élection présidentielle.

Laurent Fabius était hier l'orateur de son groupe à l'Assemblée nationale sur le Projet de loi de finances pour 2008. Sans note, l'esprit clair, la mine détendue et les yeux rieurs, il a déblatéré avec talent sur les mauvaises intentions budgétaires du Gouvernement. Tout y était. La citation en accroche, d'Edgar Faure, finement choisie en mémoire d'un parlementaire de haut vol qui reste un référence de part et d'autre de l'hémicycle; le ton ensuite, courtois et affable au début pour monter progressivement en volume au fur et à mesure que portait le poids des admonestations et des prédictions dangereuses; les arguments enfin, contre une politique qui loin d'engendrer un "choc de confiance", amènerait selon l'ancien Ministre des finances "un début de contre-choc de défiance". Laurent Fabius s'est même laissé aller à une habile forfanterie sur les effets de la TVA sociale entre les deux tours des élections législatives. Sa prise de parole qui suivait celle d'un jeune loup prometteur de l'UMP, fut un pur moment d'art oratoire comme les débats publics à l'Assemblée nationale n'en donne plus guère car ils restent l'apanage des grands.

Après plusieurs mois d'un retrait volontaire, respectant un délai de décence qui rend plus fort - ce que Dominique de Villepin n'a pas n'a pas compris -, l'ancien plus jeune Premier ministre de France semble décider à remonter la pente. Il a dépassé le désoeuvrement qu'ont pu lui inspirer la disgrâce de son Parti et la meilleure fortune de certains de ses contemporains - une consolation internationale pour Dominique Strauss-Kahn ou  l'appel de l'ouverture pour Jack Lang. Finalement, il se dit peut-être qu'il y a quelque chose à tirer de l'état de latence du Parti socialiste d'où rien n'émerge, désespérément coincé qu'il est entre son inamovible Premier secrétaire et sa candidate déchue à la Présidentielle.

Avoir eu raison avec le peuple contre le Parti en 2005 sur le Projet de Traité constitutionnel européen, ne lui a pas été bénéfique. Son positionnement surprenant l'a décrédibilisé aux yeux de beaucoup qui y ont vu un nouvel avatar de son opportunisme légendaire. Pour autant, avec le recul et la configuration qui sort de l'élection présidentielle, Laurent Fabius pourrait bien tirer profit de ses fausses pistes d'hier. Après tout, ce n'est pas lui qui est allé se commettre à la dernière fête de l'Humanité entre Marie-Georges Buffet et Olivier Besancenot. De même, dans son interview du Monde d'aujourd'hui, il propose une nouvelle inclination en matière européenne. A propos du Traité simplifié qui sera l'un des grands enjeux politiques de 2008, tant l'Europe et la mondialisation demeurent un point de friction au coeur de la gauche, il déclare, en parfait exégète d'Edgar Faure: "J'espère que nous pourrons dégager une position de rassemblement du PS, et que nous saurons aussi considérer l'essentiel, qui ne se trouve pas dans les procédures mais dans les politiques européennes à mettre en oeuvre." Laurent Fabius entend mettre les formes pour retrouver son ambition. Il y a plus bête à penser que l'idée qu'elle puisse servir à réveiller la gauche.

Publicité
Publicité
Commentaires
l'éternité plus un jour
Publicité
Archives
Publicité