Le Comité Balladur et ses conclusions
Les travaux menés tambour battant par le Comité présidé par Edouard Balladur marqueraient-ils un essoufflement de la méthode lancée par le Président de la République au rythme de grandes Commissions de réflexion ouvertes à tous les sujets de réforme et les vents partisans?
De fait, l'aréopage en charge de réfléchir à une réforme des institutions est peut-être emblématique de cet exercice démoniaque eu égard à la personnalité médiatique de Jack Lang qui en est un membre éminent. En tous les cas, l'ancien Ministre de la Culture de François Mitterrand, aura été, de très loin, le plus en vue, ne renâclant jamais à s'épancher sur ses travaux. La capacité de cet homme à s'insérer partout où sa parole peut porter est impressionnante et atteste d'un savoir faire hors du commun pour se hausser du col et ramener éternellement la couverture à soi. Pour autant le propos quantitatif de Jack Lang dont l'identité socialiste brouille l'écoute n'est pas rien dans l'humeur des soutiers grognons de la majorité parlementaire.
L'autre limite invocable porte sur le listing de mesures préconisées par le Comité. A la lecture, il apparaît même contreproductif tant cette litanie mélange l'essentiel à l'accessoire tant et si bien que le tout s'appauvrit d'une série d'évidences ou de détails cosmétiques occultant les voies de progrès.
Ce qu'il faudrait retenir semble être circonscris aux préconisations concernant l'état clapotant du parlement. Pour ce qui relève de l'exécutif, l'éblouissante pratique qui nous est donnée à voir en ce moment, montre à l'évidence l'extrême plasticité de notre Constitution. Ainsi, permet-elle au détenteur du pouvoir suprême d'imprimer sa marque non forcément de son point de vue idéologique mais plutôt en fonction de sa personnalité et du culot qu'il manifeste pour embrasser goulument la fonction. D'ores et déjà, après deux cent jours du second quinquennat de l'histoire, on peut mesurer la différence de train et d'éclat entre Jacques Chirac et son successeur. L'écart est saisissant sans qu'il y ait eu une modification de la règle écrite. C'est bien la pratique, l'usage qui fait la différence et ramène à rôle essentiel de l'électeur.
Finalement, la cogitation du Comité Balladur ramène au regret d'être d'un pays de France tellement querelleur qu'il lui faut se brider avec des règles du jeu démocratique incessamment imparfaites, rendant par la même toute modification frustrante. A l'inverse les britanniques ont cette sagesse, sinon la noblesse qu'on leur envie, de s'en remettre à l'étiquette et aux usages. C'est un poil plus classe.