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l'éternité plus un jour
13 décembre 2007

Répétitions politiques

Chez un bouquiniste du passage Verdeau, j'ai trouvé les Cahiers secrets de la Vème République de Michèle Cotta (Fayard). L'ouvrage était dédicacé. Si le nom du destinataire a été pudiquement retiré, une partie de la page ayant été déchirée, on peut lire l'écriture de l'auteur: "...qui datent (les cahiers secrets de la Vème) d'une époque ou les blogs n'existaient pas, en espérant qu'ils le divertissent". On ne dénoncera jamais assez fort la pure perte que représente l'envoi, par les maisons d'édition, d'ouvrages dédicacés à d'infatués journalistes dédaigneux à force d'être repus.

Pour peu que les secrets aient été bien gardés, l'intérêt du livre est prometteur. Michèle Cotta figure en effet parmi le peu de journalistes dont la vision embrasse de près les quarante dernières années politiques avec une passion d'entomologiste pour les intrigues et les coups bas de la période. Hormis, Françoise Giroud, c'est en outre la première femme de sa profession à avoir baigné aussi intensément dans le marigot. C'est dire si elle en a vu au point d'avoir pu céder à quelques compromissions. On pense, peut-être à tort, à la Présidence de la Haute Autorité offerte par François Mitterrand.

C'est justement lui qui ouvre indirectement ces fameux cahiers secrets. Nous sommes en 1965. A l'approche de la première élection au suffrage universel direct, des forces hétéroclites tentent l'amalgame de la gauche et du centre. Jean-Jacques Servan-Schreiber, patron de l'Express et de Michèle Cotta, est à la manoeuvre, tandis que Gaston Deferre est pressenti pour rivaliser avec le Général. Hélas, bien qu'intenses, les tractations nocturnes sont vaines. La motion finale adoptée par le Conseil National de la SFIO est sans appel: "Le parti n'est pas prêt à se sacrifier au profit d'un rassemblement étranger au socialisme". Quelques jours plus tard, Michèle Cotta fait ce qu'elle pratique le mieux. Elle récupère les confidences de François Mitterrand: "Gaston Deferre a eu raison, dit-il lorsqu'il a pensé qu'il fallait ouvrir la campagne; il a eu raison lorsqu'il a prôné la nécessité d'un regroupement pour créer un fort courant d'opinion. Lui et Servan-Schreiber ont misé sur le MRP. Moi, je dis aujourd'hui: oui, il faut créer un nouveau courant autour d'un regroupement de forces politiques. La voie est fermée à droite? Il faut passer par la gauche!"

Ce rappel historique est touchant. En ces temps de retour sur la petite histoire de la dernière élection présidentielle pour cause d'actualité éditoriale de l'une des candidates, il ramène à la polémique étroite autour de la sérénade de Ségolène Royal sous les balcons de François Bayrou. Par là, il souligne la récurrence congénitale des atermoiements d'un Parti socialiste trop étroit pour ête crédible et vaincre à lui tout seul. Quand sa tête est dépourvue d'un stratêge, il demeure incapable d'incliner le sens de l'histoire.   

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