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l'éternité plus un jour
8 janvier 2008

La conférence de presse du Président

Nicolas Sarkozy aura renouvelé avec talent la conférence de presse du Général de Gaulle qui avait la particularité jouissive d'instrumentaliser la presse. Trois remarques pour étayer ce sentiment.

D'abord la foule des invités honorés d'en être. Il y avait paraît-il 628 journalistes rangés comme des petits pois, dignes d'une boîte de magistrats coloriés. Au mieux une vingtaine d'entre eux aura eu droit à l'attention du Président de la République en posant une question. Le reste n'était là que pour faire de la figuration et se prêter complaisamment à une mise en scène savamment orchestrée en attendant de se ruer sur le buffet.

Ensuite, il y a la manière exclusive de Nicolas Sarkozy pour se poser en victime d'une mauvaise presse afin de mieux lui rentrer dans le chou, souvent de fort bon aloi. Le plus bel exemple du jour fut tenu par Laurent Joffrin, au demeurant plutôt sympathique. Fidèle à la ligne éditoriale revigorée de son journal, Libération, qui s'affiche comme le fer de lance d'un presse d'opinion régénérée par une hostilité systématique au pouvoir en place, il a cru utile de dénoncer une hyperprésidentialisation comparable à une monarchie élective. Dans le style direct qui le distingue et avec un plaisir non feint, Nicolas Sarkozy a répliqué sans laisser l'ombre d'une chance à ce pauvre Laurent Joffrin. S'en était presque gênant tellement son argumentation, toute en interrogation suggestive battait en brèche des concepts fumeux. Cruauté de l'image sans doute manipulée par le réalisateur, la réponse du Président de la République était parsemée de plan de coupe montrant le directeur de Libération s'affaissant progressivement sur son siège, rendu à l'évidence de l'inanité de sa thèse sur la confiscation du pouvoir par un seul homme.

Enfin, sur le mariage, il a habilement mis les journalistes devant leurs contradictions. Ce ne fut pas malin de leur part part de l'interroger sur ce sujet dès la seconde question. Malgré un prénom un peu désuet, j'aime bien Roselyne Fèvre et j'ai été content de la retrouver. Elle est belle et j'ai pensé un temps qu'avec son côté pête sec, elle aurait pu succéder à Christine Ockrent comme reine de l'info. Hélas pour elle, les femmes sont désormais trop bien représentées à la télévision si bien qu'aucune ne peut s'extraire du lot. Pire, d'Elise Lucet à Marie Drucker en passant par Laurence Ferrari ou Florence Dauchez, on les perd vite de vue sauf à lire les rubriques "people". S'appuyant sur les turpitudes avérées de ses prédécesseurs Nicolas Sarkozy avait indubitablement travaillé sa réponse. Il a magnifiquement renvoyé la presse à sa déviance qui lui permet de tirer profit des images du bonheur - hier du malheur - présidentiel tout en s'offusquant d'un étalage calculé de la vie privée qui porterait honteusement atteinte à son intégrité professionnelle.

J'ai bien aimé aussi comment Ivan Levaï s'est fait reprendre sur Léon Blum ou comment l'analyse de Christine Clerc, réduite à se présenter comme une journaliste indépendante, a été contredite sur les préoccupations des français. Comme quoi dans cette conférence de presse, il n' y a pas eu qu'un échange de bons voeux. C'est aussi ça la rupture.

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