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l'éternité plus un jour
14 mars 2008

Le salon du livre et son invité

Le conflit israélo-palestinien n'avait pas besoin de ça. Même si c'est difficile à croire, il faut espérer que c'est par pure maladresse, même si elle est énorme que le Syndicat Nationale de l'Edition (SNE) a décidé de faire d'Israël l'invité de l'édition 2008 du salon du livre de Paris. L'inauguration devait avoir lieu en présence du Président de l'Etat hébreu.

Le Président du SNE a beau tenter de se défendre en déclarant: "Depuis quinze ans, le Salon du livre n'invite pas les pays. Il invite la littérature.", ce choix se rapporte évidemment à l'événement que représente le soixantième anniversaire de l'Etat d'Israël. Au regard de la situation sur le terrain, imprégné d'une violence irrépressible et suicidaire, il ramène douloureusement à la genèse d'un conflit en occultant le principe d'une partition de la Palestine, selon la résolution 181 de l'Assemblée générale des Nations Unies.

Le Boycottage des écrivains arabes n'est pas forcément la meilleure réplique, a fortiori lorsqu'il fait l'objet d'une récupération politique d'un certain nombre d'Etats. Il signifie de fait l'exclusion de ceux qui en usent, révélant par la même une faiblesse et un agacement désespéré. Surtout, il donne un argument facile et malsain à une élite bien pensante qui fustige cette attitude au prétexte qu'elle reléverait de l'archaïsme des pays arabes, rétifs à la culture et aux idées, hermétiques à la tolérance et aux dialogues des civilisations.

Si on veut encore croire à la possibilité d'y mettre un terme, le conflit israélo-palestinien ne pourra se dénouer sans l'intervention vigoureuse d'une Communauté internationale soucieuse d'affirmer l'équilibre mesuré entre deux peuples ayant respectivement droit à un Etat viable et sécurisé. Sur ce point, la meilleure garantie de la sécurité d'Israël qui est une préoccupation irrévocable, réside dans la création d'un Etat Palestinien tel que prévu, il y a soixante ans.

Face au besoin d'équilibre et de mesure dont les israéliens et les Palestiniens ont besoin, les organisateurs du salon du livre de Paris ont ravivé un peu plus les divisions belliqueuses. Alors qu'il est nécessaire de "fluidifier" les relations entre deux peuples condamnés à s'entendre, ils ont malencontreusement donné prise à une polémique prévisible. Or quoi de mieux que la littérature pour défendre une compréhension mutuelle? La lecture permet des passages. Elle offre des voix d'échanges sur lequel forger un dialogue en contrepoint des intérêts politiques et des rapports de forces déséquilibrés. En décidant de mettre à l'honneur, de manière tout à fait justifiée la littérature hébraïque, les  organisateurs du salon du livre n'ont pas pensé à donner à leur manifestation un supplément d'âme. Sans pour autant minimiser la vitalité et les talents de la culture israélienne, ils se seraient grandi en conviant la littérature palestinienne puisqu'il s'agit de littérature. Ils auraient évité les désagréments d'un parti-pris sujet à de douloureuses interprétations propre à nourrir les haines.

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