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l'éternité plus un jour
21 mars 2008

Le Tibet, les JO et la Chine au milieu

A cinq mois des Jeux Olympiques d'été, le Tibet connaît des troubles insurrectionnels durement réprimés. Selon les spécialistes, il s'agirait des événements les plus graves dans la région depuis vingt ans. Comme les revendications territoriales des Tibétains ne datent pas d'hier, le moment choisi pour exprimer leur mécontentement est à rapprocher du plus grand événement sportif mondial à venir.

Les velléités indépendantistes des tibétains trouvent souvent un Occident désemparé fasse aux agissements d'une Chine difficile à manier. En outre, la crise semble prendre une nouvelle tournure avec une remise en cause à peine voilée de la posture pacifiste défendue jusque là par le Dalaï-lama, figure spirituelle respectée par son peuple. Grâce à une communication relayée par la bonne conscience de nombreuses vedettes de cinéma, cet homme, accueilli comme une star lors de tournées mondiales, a su sensibiliser l'opinion internationale à la condition de son peuple. Pour autant la compassion générée à son endroit n'a pas muer en stratégie propre à faire cesser la répression chinoise et la colonisation larvée du Tibet - résultat d'un programme d'émigration intensive, la population chinoise serait devenue supérieure à celle des Tibétains: 7 millions contre 5,5 millions.

Reste les jeux olympiques. Cette vitrine mondiale est souvent mise à profit pour exercer des pressions politiques en écho aux principes de l'olympisme compte tenu de la force médiatique de la manifestation et l'engouement populaire qu'elle suscite. C'est ainsi que la menace du boycott est aujourd'hui lancée.

Pour user du ressort de l'opinion, il est toujours plus efficace d'agir à chaud. Pourtant, la situation du Tibet a cinquante ans d'âge. De même, la Chine, depuis l'avènement du régime communiste s'est fait une spécialité reconnue pour son appréciation toute personnelle des droits de l'homme et du respect des libertés. C'est d'ailleurs un sujet récurrent que les bonnes consciences demandent aux Chefs d'Etat occidentaux d'évoquer sans détour lors de leurs visites officielles au pays du soleil levant comme le pendant moralisateur aux contrats commerciaux signés avec avidité.

Ainsi donc, les choses était dans l'état d'aujourd'hui lorsque le Comité Internationale Olympique (CIO), dans la plénitude de ses prérogatives, a désigné Beijing comme ville organisatrice des jeux de la XXIXe Olympiade. On était en juillet 2001. A l'époque, on avait bien dû protester pour les mêmes raisons qui incitent, sept ans plus tard, au boycottage. C'était sans compter sur le dévoiement des instances de l'olympisme et à la démission politique des Etats. Le CIO s'est abandonné depuis longtemps au cynisme mercantile de grandes multinationales dont les marques s'interdisent toute limite à leur expansion. Il y a sept ans, cette confrérie d'hommes d'affaires - ou d'hommes de paille - qui voudraient passer pour des gentlemen, défendait les forces de l'olympisme pour favoriser l'ouverture de la Chine au monde et aux valeurs démocratiques. En même temps, on ne pouvait pas occulter une autre ouverture; celle d'un marché de plus d'un milliard d'individu avec un potentiel de croissance porteur pour l'économie mondiale.

Au delà de l'émotion légitime suscitée par la répression chinoise à Lhassa, l'idée du boycott arrive un peu tard pour être efficace et réaliste. Il n'y a qu'à voir l'embarras de notre ministre des affaires étrangères. Toujours allant pour s'élever contre les atteintes aux droits de l'homme, Bernard Kouchner a eu une communication ambiguë en commençant par  juger "appréciable" l'idée du boycott de la cérémonie officielle d'ouverture, pour ensuite reconnaître qu'elle était "irréaliste".

Ironie de l'actualité. Ce qui était vertement critiqué ici, serait jugé utile et efficace pour défendre les droits du peuple tibétain.

 

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