Lapsus quand tu nous tiens!
Tout lapsus est révélateur d'un trouble ou d'une émotion. Lionel Jospin s'est fait une spécialité de ce dérèglement de la parole qui dévoile souvent une pensée obscure et sous-jacente ou renvoie maladroitement à un sentiment aussi fort qu'inconvenant.
Lors d'une tentative de retour actif en politique à l'été 2006, et après bien d'autres, l'ancien Premier ministre avait été pris en flagrant défaut de langage. Jouant sur le registre de l'émotion pour mieux se faire absoudre de son retrait, il voulait montrer combien sa défaite aux élections présidentielles de 2002 représentait pour lui-même un véritable traumatisme: «Le 21 avril a été une épreuve cruelle, soudaine et inattendue qui m'a profondément touché. Un choc puissant. Injuste. J'ai voulu marquer que j'acceptais l'arrêt du peuple.(...). Je préfère la fierté à la veulerie(...). Pour autant, je ne vous ai jamais accompagné —pardon, abandonné» (intervention devant les militants du MJS mouvement des jeunes socialistes à La Rochelle, le 26 août 2006).
Ce matin, alors qu'il voulait se justifier sur la manière dont fut décidé l'envoi de forces militaires en Afghanistan en 2001, Lionel Jospin a, une fois encore, laissé entendre ses émotions intimes en souvenir de son ambition contrariée. C'est ici, très exactement à la troisième minute et cinquante trois secondes de l'interview. C'est rapide mais assez clair. En somme, pour Lionel Jospin, au plus profond de lui, un 11 septembre vaut bien un 21 avril.