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l'éternité plus un jour
25 mai 2008

Primaires assassines

Il y a quelques choses d'inhumain dans cette course à l'investiture aux élections présidentielles américaines.

Il faut aux candidats un mix de spontanéité et d'endurance pour sillonner le pays pendant des mois et s'enquiller des réunions électorales quotidiennes sous le regard intransigeant et inquisiteur des médias. Les Etats-Unis sont les maîtres du professionnalisme politique. Leur technicité, érigée en branche des sciences politiques, s'exporte à merveille pour le bonheur d'une coterie de consultants qui se rêvent en spin doctor de notre démocratie française. Nonobstant les quelques archaïsmes techniques que l'on a découvert au moment du vote final en 2000, le système des primaires procède d'un fonctionnement qui ne laisse rien au hasard. Il exige au préalable une collecte généreuse de fonds dont les montants exorbitants permettent d'évaluer la crédibilité des candidats. Ces moyens dispendieux offrent l'usage des dernières innovations en matière de marketing, de communication et de réseaux participatifs. Pour autant, les mécaniques parfaitement bien rôdées ou les dollars bien placés, ne peuvent rien contre la part d'humanité du jeu politique dont les défaillances offrent à la compétition une dose d'incertitude salutaire. Il n'est pas toujours facile aux candidats de tenir leurs nerfs et leur parole. Hillary Clinton a sans doute lâché les deux en évoquant le possible assassinat de son rival démocrate, Barack Obama, pour justifier son maintien dans la course démocrate.

Quand bien même, le pire est toujours possible dans un pays qui a eu son lot de précédents fâcheux, il est désagréable qu'un candidat veuille s'en prévaloir. L'argument est énorme: envisager la disparition physique d'un adversaire dans un processus démocratique comme recours à sa propre ambition. Il a également son côté pathétique: faut-il qu'Hillary Clinton n'ait rien d'autre à avancer pour contrer son rival.

Il faut dire que, dans le camp démocrate, la lutte est rude autant qu'elle est passionnante. En cinq mois, les rebondissements ont été spectaculaires. Au fil des Etats visités, la sénatrice de New York et le sénateur de l'Illinois ont eu leur dose de joie et de tristesse. Indéniablement, chacun d'eux porte un part de modernité et possède des qualités humaines qui ont séduit les électeurs. Ces derniers ont sans doute la conviction de pouvoir prendre part à un mouvement d'histoire inédit en portant à la maison Blanche, soit une femme, soit un noir. De fait, les deux figures démocrates portent chacune à leur manière le gage d'un changement profond. Ils donnent l'impression de pouvoir incarner un "rêve américain" retrouvé, au sein d'une nation avide de réconciliation après huit années de batailles idéologiques stériles ou de guerres injustifiées.

Alors qu'il semble bénéficier d'un avantage arithmétique incompressible, Barack Obama risque de faire le break avec cette bévue d'Hillary Clinton. Au delà de sa maladresse dangereuse, elle fait singulièrement ressurgir l'écart de "conduite politique" qui existerait finalement entre les deux candidats démocrates.

Pour autant, rien n'est joué. Hillary Clinton montre, même de manière exagérée qu'elle n'entend rien lâcher de ses chances d'ici à la Convention démocrate du mois d'août. Elle fait peut-être bien car la pugnacité dont elle ne manque pas, est souvent récompensée. Plusieurs sondages la donne gagnante contre le candidat probable des Républicains, John McCain qui sortirait vainqueur d'un duel avec Barack Obama.

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Commentaires
B
Hillary a raison d'y croire. En politique, tant qu'on n'est pas mort...
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