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l'éternité plus un jour
5 octobre 2008

Le retour de l'Europe politique

L'Europe était sur le tranche. Dans la longue dérive qui l'écarte des fondamentaux établis par ses pères fondateurs, elle aurait pu passer aux pertes et profits, emportées par les excès démoniaques du système financier international.

Face à l'incertitude qui entoure l'ampleur de la crise venue d'Amérique et ses dégâts collatéraux dans les banques européennes, certains Etats ont préféré prendre les devants. L'Irlande a été prompte à faire montre d'un égoïsme qu'elle tend à cultiver avec allégresse et insouciance. L'Allemagne, entrant en période électorale, ces dirigeants se sont montrés pour le moins prudents devant tout ce qui passerait pour une trop forte allégeance au communautarisme, dès lors qu'il s'agit de payer pour le manque de vertu des Etats du sud. Ne parlons pas de la Grande-Bretagne soucieuse de préserver son insularité et la puissance de la City.

Dans ce contexte, le mini sommet de l'Elysée n'est pas une mince affaire pour l'avenir. Grâce à lui, l'Europe aura finalement versé du bon côté. L'unité a été préservée, les participants faisant preuve d'un courage lucide dans la voie du compromis. Il était rassurant de voir réuni les quatre principaux chef d'Etat de l'Europe, accompagnés des présidents de la Commission Européenne et de la Banque Centrale Européenne. Vue l'issue de la rencontre, la présence de ce dernier fut en soi un marqueur pour juger la force de l'événement. Elle illustre la remise en cause d'une orthodoxie financière dont l'intransigeance n'a pas résisté aux "circonstances exceptionnelles" qui justifient une application "flexible" des règles maastrichiennes.

Le politique est de retour, et c'est Nicolas Sarkozy qui officie. Président en exercice de l'Union européenne, il conforte son image d'actif reconstructeur d'un idéal communautaire altéré par la mondialisation et la rigidité technocratique bruxelloise. Il avait déjà été l'artisan du Traité de Lisbonne censément relancer les progrès de la gouvernance européenne et mettre fin à la déconfiture du projet de Traité constitutionnel dans l'échec duquel la France s'était lamentablement fourvoyée. Cet été, délaissant le Cap Nègre, il avait plutôt bien négocié la crise Georgienne, faisant émerger une position diplomatique commune de l'Union qui n'était pas gagnée d'avance. Aujourd'hui le Président français trouve dans la dépression financière internationale, le moyen de redonner cohérence et convergence à l'idée d'une Europe politique enfin capable de s'affranchir du dogme pour agir par la voie de la négociation et sur la foi du pragmatisme.

Au delà du G4 européen, nouvel organe européen qui a vu le jour hier, il reste à convaincre les 23 autres pays de l'Union. La tâche continue pour Nicolas Sarkozy. Elle est à sa mesure. Plus encore celle qui consiste à aller jusqu'au G8, à l'échelle du monde, pour refonder une régulation internationale du "capitalisme financier".

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