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l'éternité plus un jour
3 mars 2009

Badinter, le Rapporteur et la loi pénitenciaire

En fin d'après-midi, je suis tombé par hasard sur l'intervention de Robert Badinter lors de la discussion générale sur le projet de loi pénitentiaire.

Le Sénat est le réceptacle d'anonymes notables de province qu'on mélange à de vieilles célébrités du barreau et de la politique. Loin de sa gloire acquise aux assises et dans les Gouvernements de François Mitterrand, l'ancien garde des sceaux y a trouvé une tribune de second rang. Elle lui permet néanmoins de faire durer, surtout pour lui-même, sa splendeur passée. Les vieux orateurs finissent le plus souvent comme d'infatués conférenciers dont les oreilles ne se lassent jamais de leur propre voix. Ainsi, tout à l'heure, le débit lourdement posé, le ton grave et le geste tremblant, Robert Badinter a pu se faire, une fois encore, le valeureux défenseur de l'humanité, des grands principes et des droits de l'homme dans la limite, toutefois, de ceux que la justice a retiré à certains d'entre nous.

Dans sa plaidoirie grandiloquente, il a surtout grossièrement encensé le Rapporteur de la Commission des lois. Intérieurement gorgé de contentement, celui-ci cachait difficilement une transe gênée qui le faisait se tortiller sur son siège, peut-être inquiet d'un quand dira-t-on qui semblait d'ores et déjà gonfler dans son propre camp. Jean-René Lecerf est un sénateur UMP du Nord. Il doit être bien connu dans son canton et aussi des gardiens de prisons. Robert Badinter nous a appris qu'il les visite plus que de raisons. De là, lui viennent forcément l'humanité, les grands principes et les valeurs portés désormais par ce texte qui n'est plus celui du Gouvernement avant de devenir la loi "Lecerf".

La dithyrambe de Robert Badinter était si ampoulée à l'égard de son cher collègue qu'on ne pouvait s'empêcher d'y voir en creux une critique méprisante, autant que méprisable, de Rachida Dati dont on ne retiendrait que la politique sécuritaire d'enfermement, ses peines plancher et l'incarcération des mineurs. Quelque soit son talent oratoire et les vertus dont il se pare pour donner le change, l'homme politique reste un mufle.

A quelques semaines de la fin de son ministère, la Garde des Sceaux n'avait pas forcément besoin d'essuyer les plâtres de la réforme constitutionnelle adoptée cet été sans la voix de Robert Badinter. Conformément à l'article 42 de la Constitution dans la rédaction issue de la révision du 23 juillet 2008, un projet de loi, examiné en première lecture est le texte issu de la Commission saisie au fond et non plus le produit originel du Gouvernement. C'est ainsi que depuis quelques jours on entend sur les ondes que le projet de loi pénitentiaire aurait était grandement amélioré par les sénateurs, avant même qu'ils l'aient voté.

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