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l'éternité plus un jour
13 mars 2009

Autant en emporte l'OTAN

Le retour attendu de la France au sein du commandement intégré de l'OTAN fait beaucoup de vent. Ce sujet n'est pourtant qu'une petite brise au regard d'une actualité qui nous montre cruellement que la solitude et l'isolement ne sont plus de ce monde globalisé.

Il y a d'abord le folklore politique conduisant certains à nourrir l'amalgame entre un problème et une polémique. De problème, il n'y a pas. De fait, la France ne réintègre pas l'OTAN puisqu'elle ne l'a jamais véritablement quitté. Par surcroît, le rapprochement tel qu'il s'entend aujourd'hui, c'est formellement opéré à partir de 1995, Nicolas Sarkozy ne faisant que parachever une politique élaborée par son prédécesseur. La rupture n'est pas dans tout et inversement.

Trop heureux de saisir la fin d'un symbole surfait de la singularité hexagonale, les adversaires du Président de la République dénoncent une atteinte à la grandeur de la Nation, à son indépendance. Ils ne voient dans cette décision que l'alignement sur Washington. Heureux les passéistes de tous bords qui, sans vergogne, en appellent au vertueux Général et à son coup du mépris de 1966 devenu le mythe diaphane d'une France qui n'est plus. Si tant est qu'elle ait jamais été. Curieusement, les plus virulents dans la polémique figurent parmi les partisans historiques de la solution fédérale qui s'arc-boutent aujourd'hui sur des préjugés nationalistes obsolètes.

Que ce soit en économie, en diplomatie, ou en matière de défense, le monde a considérablement muté. La configuration des relations internationales, et les dangers nouveaux qui en découlent, imposent des solutions partagées prises dans le creuset d'instances supranationales propices aux débats et aux arbitrages. Lorsque Dominique de Villepin fait son coup d'éclat contre l'intervention militaire en Irak, il ne le fait pas du Quai d'Orsay ou à la sortie d'un Conseil des ministres. Il va à l'ONU et s'exprime devant le Conseil de sécurité. Les grandes causes comme les enjeux de l'avenir ont une portée mondiale en attente de démarches collectives. Face à la gigantesque crise actuelle, l'espoir vient d'un G20 qu'on espère capable de sortir un plan d'action convergent à l'échelle des Etats.

L'OTAN qui regroupe vingt huit Etats est un autre lieu de pouvoir partagé et de démarches collectives. Alain Juppé peut bien s'inquiéter de la convergence de vue incertaine des européens au sein de l'OTAN, ce n'est pas en restant sur le pas de la porte que la politique européenne de sécurité et de défense (PESD) sortira plus facilement de terre. Au surplus, on peut bien se demander ce qu'est devenu l'OTAN aujourd'hui par rapport à sa vocation initiale au temps de la guerre froide. Pour autant, ce n'est pas en refusant le geste de la réintégration que la France pourrait mieux s'opposer aux velléités américaines de la transformer en une organisation globale, étendant son champ à l'ensemble de la planète et sa compétence à la sécurité des démocraties au delà des frontières de l'Europe.

C'est l'autre point du débat qui n'est pas le moins ridicule afin de donner un sens politique au choix de la France. Il consiste effectivement à poser le domaine d'intervention de l'OTAN par rapport à l'ébauche ambitieuse et nécessaire d'une Europe de la Défense. La super puissance américaine s'est bien abîmée au cours de la dernière décennie. Elle a perdu son prestige et sa crédibilité aurait certainement besoin de relais pour autant que la nouvelle administration américaine soit prête à partager les responsabilités. Dans ce contexte, l'Europe, poussée par la volonté et le dynamisme de ses dirigeants, pourrait trouver matière à répondre à l'enjeu crucial de sa sécurité. Elle doit au moins essayer et Nicolas Sarkozy peut l'y aider. S'agissant du résultat, on est toujours plus influent sur le terrain de jeu qu'à côté.

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