Promesse tenue
Il y a quelques semaines Dominique de Villepin c'était plu à gloser sur la pâleur du bilan de Nicolas Sarkozy, deux ans après son élection: "Nous sommes donc aujourd'hui toujours orphelins, toujours en attente de ces deux ou trois grandes réformes qui feront ou ne feront pas le quinquennat." Rien d'étonnant à cela. Au delà de son aveuglement imprécateur qu'il nourrit à la mythomanie de sa grandeur, l'ancien Premier ministre s'érige en censeur lapidaire pour pouvoir dénoncer, le jour venu, le procès politique et la justice aux ordres qui le condamneront injustement dans l'affaire Clearstream.
Il y aurait naturellement matière à contredire Dominique de Villepin. Encore faudrait-il qu'il en vaille politiquement la peine.
Avec le passage de 19.6 à 5.5 de la TVA dans la restauration, la date d'aujourd'hui est néanmoins propice au parallélisme des formes. Cette vieille revendication d'origine corporatiste fut portée par le candidat Jacques Chirac à la présidentielle de 2002. Cinq ans plus tard, malgré des efforts certains et avec pas mal d'agitations, l'ancien Président de la République aura finalement laissé les professionnels du secteur à leur déception. Sur la dernière période, Dominique de Villepin fut son Premier ministre.
Dangereusement lié aux engagements de son camp qu'il avait partagé en tant que Ministre de l'Economie et des Finances en 2004, Nicolas Sarkozy a repris sans sourciller cette promesse lors de sa campagne présidentielle. Deux ans après, il peut s'enorgueillir d'incarner la détermination française qui a su s'imposer et dominer les réticences allemandes.
Reste qu'on peut reconnaître avec Dominique de Villepin que la baisse de la TVA dans la restauration ne saurait figurer au rang des grandes réformes attendus d'un quinquennat. Néanmoins, sous réserve qu'elle soit mise en oeuvre avec fair play par les professionnels, la France s'offre un ballon d'oxygène appréciable pour contrecarrer la crise. En outre, au regard des engagements pris, cette mesure offre au Chef de l'Etat un gage de crédibilité politique appréciable. Il saura certainement s'en prévaloir au soir de sa réélection. Nicolas Sarkozy pourra alors dire : D'autres vous l'avez promise, mais c'est moi qui l'ai fait.