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l'éternité plus un jour
3 novembre 2009

Le procès de Jacques Chirac aura bien lieu

Depuis le temps qu'il se morfondait dans une retraite dorée, mais forcée, Jacques Chirac va pouvoir remonter sur son cheval. Ce n'est pas le moindre effet du rebondissement judiciaire dans l'affaire des emplois fictifs à la Mairie de Paris au long de la période 1982-1996, autant dire un bail, qui vaut à l'ancien Chef de l'Etat d'être renvoyé devant un tribunal correctionnel.

Alors qu'il publie le premier tome de ses mémoires dans quelques jours, l'ancien Président de la République retrouve le devant de la scène de tous côtés. On peut faire confiance aux équipes de communiquant qui l'entourent pour contre attaquer médiatiquement en profitant de l'incroyable côte de popularité dont il jouit, moins pour ce qu'il fut que parce qu'il ne fait plus rien.

Pour autant, s'il est normal qu'elle le rattrape, la procédure engagée contre lui n'est pas forcément opportune. Elle vient malencontreusement appesantir un climat politique déjà lourd de polémiques délétères. Surtout, elle offre à l'intéressé un dérivatif à l'inventaire qu'on serait en droit de dresser de ses mandats à la tête de l'Etat. Dans la perspective d'un procès théâtralisé mélangeant farce et dramaturgie comme l'affaire Cleastream l'a récemment montré, Jacques Chirac se voit offrir le rôle du vieillard ayant mérité de la Nation qui est livré, après tant de temps, à l'acharnement d'un juge d'instruction revanchard contre l'avis du parquet. Pour preuve, Jacques Chirac n'aura pas tardé à entendre l'écho oecuménique d'une classe politique curieusement amène à son égard.

Au delà des turpitudes dont il aurait profité, Jacques Chirac mériterait davantage un jugement politique. Il y aurait de quoi le condamner lourdement  pour un bilan calamiteux qui met en exergue une dissolution lamentable et incompréhensible en 1997, une réélection par défaut en 2002 et un immobilisme crasse sur toute la période présidentielle ne faisant qu'enflammer, s'il en était besoin, l'allergie de notre pays aux réformes. A décharge, on lui reconnaîtra sa résistance courageuse aux américains au moment d'aller faire la guerre en Irak. Pour le reste...Jacques Chirac n'aura pas rendez-vous avec l'histoire, mais avec la justice ordinaire.

Le procès attendu d'une affaire vieille de plus de 15 ans, mise sous l'éteignoir d'une immunité pénale attachée à la fonction présidentielle vaut de rappeler qu'il y aurait moins à blâmer les lenteurs de la justice que les atermoiements socialistes durant le septennat de Jacques Chirac. A cette époque, ce dernier aurait pu répondre de sa responsabilité dans l'affaire des chargés de missions de la Ville de Paris. Il aurait pu être mis en face de ses responsabilités devant la Haute Cour de Justice. Cette procédure avait été initiée, avec une certaines audace, par Arnaud Montebourg. Elle avait sa cohérence, politique et institutionnelle. Elle était appuyée par plus d'une trentaine de députés d'une majorité soutenant le Gouvernement de Lionel Jospin. Ce dernier s'opposa à cette initiative qu'on brocarda comme la croisade vaniteuse et stérile d'un homme seul. On connait la suite du parcours public de l'ancien Premier ministre socialiste. Arnaud Montebourg n'a pas tort de dire, aujourd'hui, que la gauche, allant au bout de cette démarche aurait défendu un principe de justice et qu'elle eut même pu emporter la présidentielle de 2002.

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