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l'éternité plus un jour
13 février 2010

Elisabeth Badinter contre nature

Elisabeth Badinter a quelque chose de remarquable. Elle ne change pas. Le passage des années n'altère en rien son port de tête. A chaque sortie d'un nouveau livre on retrouve une photo d'elle, immuable; même style vestimentaire griffé de bonne famille, même coupe de cheveux blonds bien permanentée et des yeux d'un bleu classique pour un regard fixe emprunt de gravité. Il y a dans ce visage dénué d'émotion qui vous dévisage une permanence empreinte de mépris sur laquelle le botox n'a eu aucune prise. Dans sa recherche d'épanouissement personnel, Elisabeth Badinter fait oeuvre d'intellectuelle depuis au moins un quart de siècle. Au cours de sa brillante carrière, elle a du supporter les usages du temps et traverser le parcours d'une femme si bien retranscrit dans les hebdomadaires féminins qui l'a conduite de la jeune fille gracile et bien née à la grand-mère généreuse en passant par la mère de famille épanouie. Pourtant, elle apparait comme au premier jour et, par surcroît, la philosophe féministe n'est pas du genre à faire de son expérience personnelle un objet d'étude universitaire.

Des échos médiatiques qui me parviennent sur la sortie de son dernier livre, je retiens sa dénonciation d'un naturalisme militant visant redonner aux femmes le goût de l'allaitement long et du recyclage des couches en tissu. Plutôt que d'affronter une conjoncture qui consacre la loi du plus fort - ce que les femmes ne sont pas - et face au syndrome du principe de précaution qui encense l'appellation bio comme la vérité révélée d'une estampille sur les pots de yahourt, les femmes en viendraient d'elles mêmes à solliciter la régression de leur sexe par la voie maternelle. La collusion du CAC 40 et des alter mondialistes aurait raison d'une émancipation héritée de mai 68.

A la vérité, j'incline à penser qu'Elisabeth Badinter déterre un fonds de vérité et qu'eu égard à la réputation qu'on lui prête, elle le fait avec talent. Les incertitudes d'un modèle économique qui va jusqu'à hypothéquer les conditions d'existence de l'humanité peuvent paradoxalement conduire à vouloir revenir à l'état de "cette bonne vieille nature". Pour autant, cette évolution, au delà du courroux qu'elle peut susciter chez les militantes du sexe faible, semble être porté par un esprit de liberté affranchi de tout modèle que les passionnarias du MLF aimait revendiquer afin d'orienter la quête des femmes vers le bonheur. En outre, quel que soit la condamnation qu'il convient de porter au repli de la femme sur son oeuvre génitrice comme déviation d'une écologie radicale, il y a d'autres périls plus en grands encore qui s'abattent sur la condition féminine, jusque dans nos sociétés évoluées nonobstant la voix de la conscience éclairée qui s'en dégage. J'aurais aimé entendre Elisabeth Badinter, et avec elle le coeur des féministes, s'emporter plus vertement sur le port de la Burka!

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