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l'éternité plus un jour
30 août 2010

La bonne fortune de Jacques Chirac

La justice, comme le destin, tient parfois à un fil. Contre toute attente, le procès de Jacques Chirac n'aura pas lieu. L'accord passé entre la mairie de Paris et l'UMP solde financièrement l'affaire des emplois fictifs du RPR.

Il faut sans doute s'en réjouir. Non pas pour lui, mais pour nous. Ce plat médiatique dont le Monde nous a donné un avant goût raffiné cet été aurait été du plus mauvais effet. Il aurait ajouté, en clameur et turbulences médiatiques, au climat délétère nourri de l'affaire Bettencourt qui semble vouée à faire mourir cette vieille femme dans le dénuement moral le plus complet. Elle trouvera au moins le repos de l'âme dans son dernier voyage. Faut-il que la presse soit aussi cruelle pour s'acharner sur l'accessoire d'une triste affaire de famille quand l'essentiel porte sur des affaires risquant de dépouiller la France d'un des fleurons de son industrie.

Mais revenons à Jacques Chirac. Il s'en sort bien, même s'il lui reste désormais à rendre des compte à la justice immanente. Héros des mal appris, voilà un homme qui pour consacrer sa vie à la politique, ce que personne ne lui demandait, aura vécu, plus de la moitié de son temps, aux frais de la collectivité publique. Et quand les ors de la République lui furent retirés, ce qui doit s'avèrer extrêmement douloureux au quotidien, il trouva refuge, sans soucis du lendemain, grâce aux prodigalités d'une fortune libanaise pour l'ordinaire, tandis que ses escapades estivales lui sont régulièrement fournies par une de nos rares grosses fortunes ; un séjour à Saint-Tropez, un autre à Dinard. Mais que fait donc Jacques Chirac de sa pension de retraire? Le meilleur de sa bonne fortune politique porte sur sa popularité. Plutôt sympathique, le sourire goguenard et à la mine éternellement réjouie, Jacques Chirac compose le paysage de notre nostalgie. Aussi, on s'en voudrait de lui vouloir du mal. Dans ce pays de grands amnésiques, il déclenche ce petit pincement au coeur qu'on éprouve en regardant derrière son épaule et il n'y a pas plus beau parcours que celui qui s'achève dans le souvenir des autres.

Car au final les pincements de nez sont peu nombreux. On entend crisser quelques dents ici et là pour saluer cette veine de c...., mais au fond, la France de Nicolas Sarkozy a fait litière des affaires chiraquiennes. Même Dominque de Villepin n'apparait pas entaché des turpitudes élyséennes du modèle qu'il essaye de singer.

Dans cet assourdissant silence, une voix s'élève toutefois. Lionel Jospin, le meilleur ennemi de Jacques Chirac s'étrangle à nouveau. Pris par l'émotion d'un remord à jamais irrépressible, il émet une critique qui sonne comme l'aveu détestable de sa propre lâcheté: "Le vrai problème, c'est l'impunité dont a bénéficié le chef de l'Etat alors qu'il était confronté à des reproches de délit pendant les douze ans de sa présidence, si bien que la possibilité qu'il se trouve devant un juge intervient, nous le savons tous, à un moment où ça a commencé à perdre de son sens". Surprenante et déconcertante saillie! A l'époque de leur cohabitation heureuse, au bout de laquelle chacun était certain de croquer l'autre, le Premier ministre a beaucoup fait pour sauver la mise de son Président. Il s'opposa à toute velléité des députés socialistes de déferrer Jacques Chirac devant la Haute Cour de Justice. En janvier 1999, le Conseil constitutionnel avait pourtant estimé que le président de la République bénéficie d'un privilège de juridiction et ne peut donc être poursuivi que devant elle. Une procédure dont la mise en oeuvre n'appartient qu'aux parlementaires. L'impunité de Jacques Chirac, c'est à Lionel Jospin qu'il la doit. Reprenons ce qu'en pense Arnaud Montebourg.

A chaque mauvais rêves qu'il fait quand revient l'université d'été de la Rochelle du parti socialiste, l'ancien Premier ministre se croit obligé de réécrire l'histoire. Jacques Chirac a vraiment de la veine.

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