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l'éternité plus un jour
9 septembre 2010

Apocalypse bébé Virginie Despentes Grasset 343 pages 19€

9782246771715Virginie Despentes aura été ma première - et dernière? - concession à la rentrée littéraire. Depuis le temps que sa subversion féministe et ses beaux yeux tristes tournaient autour de moi, il fallait bien que je me plonge dans la modernité de la littérature qui pose des questions.

Avec Apocalypse bébé, elle fait dans la longueur d'une fugue mineure et s'attache à la désolation d'une époque décadente au travers d'une série facile de portraits qui sont autant de chapitres sur le chemin de croix du lecteur. Malgré les fulgurances stylistiques la rédemption n'est pas au bout de l'ouvrage. L'héroïne, petite bourge d'aujourd'hui, se laisse gravement aspirer par un néant tragique faute de racines familiales et d'un encadrement social. On met à ses trousses une paires de détectives aussi glauques que son père est pleutre et sa mère inconsistante. On voyage en compagnie d'anti-héros dépeints comme les représentants d'une société où le renoncement, le sexe et les comportements déviants deviennent la normalité. Peut-on encore être alternatif? Ou sont passées les limites maintenant que des écrivains comme Michel Houelbecq et Bret Easton Ellis sont "mainstream"? Dans ce monde infernal, même les héritières de Mère Térésa ne sont pas certaines de faire le bien autour d'elles.

Viriginie Despentes est certainement d'un naturel triste et je m'en voudrais de m'acharner sur son cas qui en vaut bien d'autres. Quelqu'un qui vient de découvrir Bernard Frank est sur la bonne voie littéraire. La douleur qu'elle plaque lourdement, page après page sans aucune lueur d'espoir, reflète néanmoins l'expression d'une neurasthénie chronique en guise de critique sociale qu'il est bon de connaître pour savoir ce qui bouge autour de nous. Il faut avoir l'esprit mauvais pour enticher un de ses principaux personnages du sobriquet de "la hyène" et prendre l'origine du monde pour une arme de destruction massive. A moins que la désespérance de Virginie Despentes ne soit que le juste et pâle reflet de nos sociétés modernes qui ne savent plus où elles vont, faisant du terrorisme la signature ultime de leur acmé sans issue de secours. A quoi bon "s'emparer de la réalité pour essayer désespérément de lui donner un sens? La question vaut d'être posée. Virgnie Despentes s'y emploie avec conviction.

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