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l'éternité plus un jour
8 novembre 2010

Un Goncourt bien en cour

Il n'avait que trop attendu! Deux fois qu'on lui promettait la timballe, en 1998 et 2005. Par deux fois il échoua. L'esprit de cour n'était pas son fort. On pu se demander alors si Michel Houellebecq ne prenait pas la pente de l'auteur maudit, éconduit par ses contemporains pour mieux s'ancrer dans l'éternité des lettres. Il y en a qui n'eurent pas besoin de prix pour en arriver là. Pourquoi pas lui? C'était sans compter sur le travers petit bourgeois qui habite Michel Houellebecq et qu'il tente vainement de cacher derrière une indolence démoniaque. Un homme qui est passé par l'Assemblée nationale ne peut pas rester perpétuellement à l'écart de la société, fut-elle des lettres. La cinquantaine dépassée, lorsque l'on commence à s'approcher de l'essentiel, la marginalité n'est plus séante quant bien même on en a fait un poste d'observation plein d'acuité sur la détresse morale de notre époque post moderne. C'est du moins ce que se plaisent à laisser penser ceux qui ont lu Michel Houellebecq pour en parler le mieux.

Le prix Goncourt vaut bien finalement de rentrer dans le rang. Il y a déjà deux ans, Michel Houellebecq avait fomenté un coup littéraire avec la complicité de Bernard-Henri Lévy. La voie de la rédemption lui était ouverte. Michel Houellebecq s'est patiemment construit un visage - n'est-il pas légérement botoxé? - et une stature pour la table de Drouant. Sa maison d'édition, accorte, a fait beaucoup pour retourner comme des crêpes ce que compte la critique littéraire. Réussite ultime de ce travail d'influence subtile, la page 41 du JDD d'hier qui laisse s'épanouir comme un parterre de rose à Bagatelle le coeur des laudateurs convertis.

Au delà du style, Michel Houellebecq nous donne une leçon efficace d'humilité tout en séduction insigne. Pour obtenir ce que tu veux, la voix des électeurs comme celle d'un jury littéraire, il faut savoir jouer d'une lente métamorphose qui te place en symbiose avec leurs espérances. Au risque d'être contredit dans un rire teinté de mépris germanopratin, on dira que Michel Houellebecq s'est laissé gagner par le "politiquement correct". Certains l'ont même vu sourire et on dit qu'il aurait eu des mots de remerciement pour ceux qui l'ont élu. Déjà écrivain consacré - 200 000 exemplaires vendus de la Carte et le Territoire - Michel Houellebecq a persévéré dans sa quête de la carte Goncourt. Il semble tellement heureux qu'on est content pour lui, même s'il n'avait plus besoin de ça.

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Commentaires
V
J'avais mis un point d'honneur à refuser de lire Houellebecq. Je crois que je vais céder à la pression dithyrambique autour de la carte et le territoire même si j'ai du mal à accepter les attaques sur Picasso.
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