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l'éternité plus un jour
20 novembre 2010

Recalés à jamais ?

L' annonce d'un nouveau Gouvernement vaut toujours moins pour ceux qui restent et qui arrivent que pour ceux qui partent. Le retour dommageable d'Alain Juppé nous rappelle le sort funeste qu'il réserva au "juppettes"  en 1995. Une semaine après l'annonce du troisième Gouvernement de François Fillon, force est de constater qu'il n'y en eu que pour les recalés de la dernière heure. Heureusement, l'effet de surprise d'un remaniement - un peu frelaté ce coup-ci - est toujours éphémère.

Rien ne fut assez beau pour retenir Jean-Louis Borloo. Acculé, il préféra retrouver sa liberté malgré lui. De même, Hervé Morin peut bien dénoncer la nouvelle équipe - "j'attendais une représentation plus équilibrée des sensibilités de la majorité...", son éviction n'est pas une surprise, surtout pour lui.

Il y a forcément quelque complaisance à laisser s'épancher les têtes du centre sur leur sort. Quand on y pense, leur sortie du Gouvernement, n'est assortie d'aucune divergence de fonds. Ces hommes, soit disant blessés, voire humiliés, n'ont jamais montré d'humeur à l'égard d'une politique qu'ils ont servi pendant trois ans. Jamais, même au plus fort des sujets de crispations ayant émaillé l'acte I du quinquennat - le débat sur l'identité nationale, la séquence des Roms et le discours de Grenoble,... -, il n'est venu à nos oreilles une petite musique discordante au sein de l'exécutif, du genre : "Lui, c'est lui, moi c'est moi". Jean-louis Borloo, plus grenellisé que jamais, n'a jamais dévié. Quant à Hervé Morin, c'est avec la discrétion d'usage, mais non sans efficacité qu'il aura marché au pas.

C'est peu de dire que par le jeu perfide du Président de la République qui vaut bien celui de ses prédécesseurs, Jean-Louis Borloo s'est fait baladé. Il n'était pas de taille à lutter contre la plasticité du Premier ministre qui va du gaullisme social au réformisme libéral en passant par la rigueur budgétaire. Il a beau jeu de déclarer après coup : "François Fillon fut presque toujours mon principal ennemi". Franchement, on ne s'en était pas rendu compte. Le Président du Parti radical aura confondu rapport de force et concours de beauté, ambition politique et discipline gouvernementale. Question confort, ce n'est pas la même chose, dans l'exercice du courage politique non plus. En digne dignitaire d'un centre évanescent, Jean-Louis Borloo, bien au chaud au Gouvernement depuis 2002, a déserté les idées et le fonds des débats. Son plan de carrière l'emmenait peut-être à Matignon, mais il n'avait comme feuille de route qu'un serment d'allégeance insipide au Président de la République quand son rival su imposer un rapport de force.

Hervé Morin fut d'une passivité plus terrible encore. Il se savait surveillé depuis qu'il avait exprimé tout bas des velléités de se porter candidat en 2012. Que n'a-t-il mis ses actes en conformité avec cette esquisse d'audace? Plutôt que de ruer dans les brancards, il attendit gentiment d'être remercié.

Jean-Louis Borloo et Hervé Morin ont laissé penser jusqu'au bout qu'il étaient enclin à poursuivre leur vie au Gouvernement. C'est contraints et forcés qu'ils se retrouvent devant un destin présidentiel comme une poule devant un couteau. En politique, il faut certes savoir laisser du temps au temps. Il est néanmoins parfois délicat de se laisser porter par les événements et laisser percevoir une manque de vision sur le coup d'après. A l'évidence, Jean-Louis Borloo et Hervé Morin ne sont pas prêts pour le rôle qu'ils guignent. Au delà du défi posé par la reconstruction du centre, rien, au jour d'aujourd'hui, nous montre qu'ils en ont la volonté et le désir.

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