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l'éternité plus un jour
4 décembre 2010

C'est parti!

Merveilleuse Ségolène Royal! L'homme politique de la semaine, c'est elle et tout d'un coup on sent comme un parfum de poudre: "En campagne, je ne suis pas la moins mauvaise. Moi j'aime ça!"

Nous n'en sommes pas encore là, mais la déclaration de candidature de la Présidente de Charente-Poitou ramasse sérieusement le piteux calendrier des primaires socialistes. D'un coup, elle montre l'art et la manière dont ses adversaires sont dépourvus; la volonté irrépressible de prendre sa revanche sur Nicolas Sarkozy - « Je vous apporterai d’autres victoires ! » -, un culot d'acier avec le mensonge en seconde langue, un sens politique tout en intuition féminine et l'intelligence relationnelle propre à une élection présidentielle. De fait, elle laisse ses principaux rivaux dans le vent d'une incertitude pathétique. Du grand art! Entre le muet du FMI et la silencieuse du PS, elle ne leur fait pas dire. Engoncés dans des postures et des responsabiités qu'ils assument pour mieux se protéger de l'indécision, Martine Aubry et Dominique Strauss-Kahn laissent filer les choses estimant que le temps joue pour eux. Ils prennent néanmoins le risque d'une marginalisation que le principe des primaires, moquer avec talent en interne, pourrait bien mettre en exergue dès lors que cette course à l'investiture verrait s'affronter une ribambelle de seconds couteaux en mal d'ego - cinq candidats déclarés à ce jour. De quoi déprécier sérieusement la stature de celle ou celui qui sortira vainqueur du tournoi.

Ségolène Royal est faite d'un sérieux paradoxe qui pourrait lui porter chance. Alors que les socialistes en firent leur leader en 2007, elle a vite été dénigrée par la famille socialiste. Passant allégrement sur son score qui n'était pas rien comparé à 2002, ses amis ont tôt fait de considérer sa candidature comme une erreur de casting. Bon nombre de ses soutiens d'hier se sont détournés d'elle. On la dit isolée. Son aura a passé auprès de l'opinion. Elle a échoué dans la conquête du parti. Aussi face à l'oubli qui corrode, rien de tel que prendre les devants de manière provocante. Ca n'effraie pas Ségolène Royal au point d'aller, sans vergogne, jusqu'à imaginer Dominique Strauss-Kahn dans le rôle d'un Premier Ministre au service d'une Hyper-Présidente: "Je décide, il éxecute!". C'est d'une terrible habileté teinté d'un humour corrosif que l'homme à femmes et ses sbires ont dû goûter.

De tous les socialistes, hormis Lionel Jospin rangé des voitures, Ségolène Royal est la seule qui ait le vécu d'un engagement personnel au niveau d'une élection présidentielle. Elle est la seule à avoir dû créer ce lien intime et unique qui comme une transcendance élève un homme, ou une femme, au rang de fédérateur d'un peuple. Cette expérience n'a pas de prix. Elle est incomparable à toute autre situation électorale. Nourris à la geste collectiviste qui les amène à pousser laborieusement leur programme - la synthèse, toujours la synthèse - avant de savoir qui va le tirer, les élephants socialistes, quelques soient leurs pedigrees, en sont dépourvus. Pire, ils en réfutent la vertu, ayant à peu près tout oublier de François Mitterrand. Ainsi, les socialistes tentent de biaiser avec les exigences du rendez-vous présidentiel. Or tout sonne faux dans cet exercice des primaires et c'est bien le sentiment qu'en a Ségolène Royal : "Je sais d'expérience qu'il faut plus que quelques mois pour se préparer et pour rassembler."

L'acte est posé et le postulat d'un fiasco n'est pas très loin. Dès lors que Martine Aubry n'a rien su faire du parti socialiste depuis deux ans, et puisque Dominique Strauss-Kahn n'a pas faim, la voie d'un leadership est ouverte. L'idée d'un pacte à fait long feu.  Armée de "bravitude", Ségolène Royal ne craint pas l'adversité. Elle a éprouvé toutes les peines du combattant politique qui a davantage à souffrir de ses amis que de ses ennemis. Bien sur, rien n'est fait. La séquence tactique qu'elle vient de jouer admirablement n'est pas la source d'un long fleuve tranquille. En femme avertie et experte des trahisons et des vengeances qui attendent leurs heures, elle va continuer sa route, n'ayant renoncé à rien. Elle seule, dans son camp, sait que le destin d'un Chef d'Etat ne se partage pas. C'est la plus belle différence qu'elle oppose à ses poursuivants. Rien que pour ça, elle mériterait de faire la course en tête et d'aller au bout.

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