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l'éternité plus un jour
18 mars 2011

La der des der du département

Les candidats aux élections cantonales de dimanche prochain ont peut-être le sentiment de marquer l'histoire. Ils se confrontent pour la dernière fois dans un scrutin heureusement voué à disparaître avec la réforme territoriale qui institue le "conseiller territorial" en 2014. Il faut espérer que les membres du Gouvernement qui viendront faire le spectacle sur les plateaux de télévision, aux soirs des résultats, valoriseront cet acquis réformateur obtenu par le Président de la République.

En attendant, au fond des départements, - si le conseiller général bénéficie encore d'une certaine notoriété dans les cantons ruraux, il est la plupart du temps totalement méconnu dans les villes - des potentats locaux se sont escrimés dans une campagne où la renommée qui fait le succès, n'a d'égal que les largesses financières qu'elle est capable de rapporter.

C'est peu de dénoncer l'obsolescence du Conseil général, premier vestige d'une France engoncée dans ses strates territoriales dispendieuses et leur administrations soviétiformes. Mais c'est sans compter sur la force du lobby des élus locaux - 4037 conseillers généraux - défendu par le Sénat placé sous la coupe des Présidents des Assemblées départementales. Là est bel et bien l'anomalie. Quand bien même l'Etat fait des sacrifices budgétaires, ceux-ci sont aussitôt annihilés par la gabegie d'un clientélisme local dont la gauche a amplifié le bénéfice électoral après qu'il eut été progressivement abandonné par la mouvance incertaine d'un centrisme provincial qui faisait de l'apolitisme l'apanage de sa bonne gestion.

Qu'est ce que le département aujourd'hui? Un guichet unique qui distribue à fonds perdus des subsides aux nécessiteux - "les élus locaux représentent un rempart de protection face aux difficultés sociales" déclare Pascal Perrineau qui ne doit pas en côtoyer beaucoup dans la rue de l'Université, Paris 7ème -, irrigue tout aussi généreusement une kyrielle d'associations à vocations multiples et finance à tour de bras la réhabilitation de friches industrielles en éco-musées et autres ciné-scénies à vocation culturelle et touristique.

Ces vocations coûteuses cachent des pratiques qui avancent masquées par de bons sentiments, notamment depuis que la gauche est majoritaire en nombre de conseils généraux. Au delà de la tradition méridionale équivoque et excessive, la situation mise à jour récemment dans les Bouches-du-Rhône n'est pas flatteuse pour défendre un niveau de représentation démocratique assorti d'un financement public qui facilite le recours au népotisme, au pot de vin, voire à l'intimidation.

Les plus fervents défenseurs de l'institution départementale iront certainement chercher un recours en la personne de François Hollande. Le Président de la Corrèze - 1er département par le niveau de son endettement - fait du scrutin départemental son tremplin pour l'Elysée alors même que son propre canton n'est pas renouvelable et que sa majorité est solide. Cette quête en légitimité en dit long sur le niveau auquel l'ancien Premier Secrétaire du Parti socialiste place son ambition pour la France. Il est vrai que dans la course aux primaires socialistes, pour concurrencer l'internationalisme en vogue de Dominique Strauss-Kahn, la France profonde peut représenter une alternative. En effet, il ne faut pas fouler aux pieds, avec un rire moqueur, le bon sens populaire qui s'exprime dans l'âpre ruralité des cantons. C'est d'ailleurs ce que veut signifier Bernadette Chirac, élue conseillère générale de Corrèze depuis 1979 et en lice pour un nouveau mandat, lorsque qu'elle s'épanche sans vergogne, ni honte retenue mais avec maladresse, dans le Monde du 15 mars - on a connu le quotidien vespéral plus chiche pour ouvrir ses colonnes dans le cadre d'une campagne électorale. On a beau siéger au conseil d'administration de LVMH et "entendre parler de l'économie mondiale par des hommes d'affaires de premier plan", on peut également s'intéresser au quotidien des petites gens et s'en tenir aux compassions de circonstance avec comme justification la défense d'un conservatisme suranné faisant de la proximité que le conseiller territorial mettrait à mal l'accomplissement d'un engagement politique local : "Cette réforme met par terre une structure qui date de la Révolution et de l'Empire. Si l'on se met à tout chambouler, il y aura de la pagaille". Pour ce qui est de la crédibilité politique, la femme vaut le mari.

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